s d'or ayant egalement cours en Albanie et y etant
acceptees: la livre turque, la piece de 20 francs qu'on appelle toujours
le "Napoleon" et la livre sterling; les deux premieres sont connues
partout et le Napoleon circule meme, au moins en Albanie, plus que la
livre turque. Des lors, si vous touchez une valeur de 500 francs, on
vous paiera dans ces trois monnaies d'or et, pour chacune d'elles, il
faudra vous renseigner pour connaitre le change interieur; a chaque
paiement important, vous etes oblige de proceder a des calculs longs,
compliques et bizarres, puis a discuter le benefice du changeur, enfin a
distinguer entre les pieces de tous types qu'on vous donne comme
piastrine, demi-piastrine, double-piastrine, double-piastrine et demie,
_etc._; c'est presque aussi difficile que de parler albanais!
Ces breves explications suffisent a montrer le trouble que jette une
telle monnaie dans les transactions commerciales. Une reforme est
urgente: elle serait facilitee dans son application par l'usage general,
dans toute l'Albanie, du Napoleon: dans la tribu la plus reculee, j'ai
trouve la connaissance exacte de sa valeur.
La reforme ne procurera pas seulement au commerce l'avantage de
faciliter les comptes et de gagner un temps precieux; elle supprimera le
gain parasite des sarafs, gain qui ne subsiste que par suite de
l'insuffisance de la petite monnaie; on devine que les sarafs peuvent
facilement s'entendre pour rarefier plus encore et artificiellement
cette monnaie divisionnaire, quand une place en a le plus besoin, et
accroitre ainsi les benefices du change interieur; de meme, en se
servant des conditions naturelles d'echange, ils transportent la petite
monnaie des lieux ou ils l'achetent a meilleur compte aux lieux ou ils
la vendent au plus haut cours; toute cette industrie a pour seule base
la complication du systeme monetaire et la trop petite quantite de
monnaies divisionnaires mises sur le marche par l'Etat. Il est naturel
que, nulle part plus que dans le centre commercial de Durazzo, on ne
sente les vices d'un tel regime et la necessite d'une reforme.
CHAPITRE III
TIRANA LA VERTE
De Durazzo a Tirana || Tirana || Essad Pacha et les Toptan ||
Au tchiflick d'Essad || Jeunes-Turcs et Albanais || Les
ambitions des Toptan || Refik bey Toptan || Ses fermiers et ses
terres, les cultures || Les metayers et les paysans || Le
retour d'Essad.
Aout finissant brule la cote; ses sabl
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