lleurs, par son drogman, en attendant qu'une
reforme soit apportee.
Je ne crois pas etre dementi par n'importe quel commercant
d'Albanie--les sarafs exceptes--en disant que nulle reforme n'est plus
necessaire. En tout cas, a Durazzo, centre commercial du pays, on en
sent le vif besoin. L'etablissement des voies de communication et la
reforme monetaire sont les deux premieres questions que doit resoudre le
gouvernement albanais.
La question de la monnaie et du change est simple dans ses donnees, si
elle est tres compliquee dans ses applications. Le voyageur qui passe a
Constantinople se plaint deja du change et des embarras que lui cause le
compte de la monnaie; toutefois la difficulte n'est pas insurmontable;
la livre turque a un change regulier et se divise en 108 piastres; on
sait que les pieces d'argent en circulation valent 1, 2, 5 et 20
piastres, et le calcul, par suite, est a peine plus malaise que celui de
la monnaie anglaise; il est vrai qu'il se complique du change interieur;
il y a en effet trop peu de petite monnaie d'argent, c'est-a-dire de
piastrines, et par suite celles-ci font prime; de la est nee l'industrie
des "sarafs" ou changeurs, generalement petits banquiers juifs ou
armeniens; si vous leur donnez une livre turque ou des medjidie
(c'est-a-dire des pieces de 20 piastres, ayant l'apparence d'un ecu), et
si vous reclamez des piastrines en echange, on vous retiendra un acompte
de 2 piastres a la livre; par exemple, on ne vous donnera a peu pres
votre compte de 108 que si vous acceptez 5 medjidie, c'est-a-dire 100
piastres, et 7 piastrines, la huitieme etant gardee en tout ou en partie
comme prime du change.
Mais, en dehors de Constantinople et des chemins de fer, le calcul
devient un effroyable casse-tete chinois; selon les coutumes locales et
les administrations, la livre turque se divise en effet en un nombre
different de piastres; il en est de meme du medjidie; mais cette
division differente n'est qu'une division de compte.
Un exemple est necessaire: la piastrine est une petite monnaie d'argent
valant 1 piastre; que la livre soit a 104, 108, 124 piastres, on ne
donne au change que la meme quantite materielle de piastrines; si l'on
exigeait en place d'une livre turque uniquement ces piecettes, on n'en
donnerait partout que 102, 103, 104, selon le changeur.
Mais jamais le jeu du change ne se passe ainsi: contre une livre turque
on vous impose d'abord des medjidie et on complete par des piast
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