un
roman batard. Mais les murs de pierre et de galet presentent l'aspect
d'un damier et rappellent ainsi les vieux edifices normands. Cette
chapelle, dite de Saint-Valery ou des Marins, remplace un edicule plus
ancien et abrite le tombeau de l'apotre du Vimeu.
C'est un lieu de pelerinage tres frequente des marins. Quatre ou cinq
petits navires ont deja ete suspendu a la voute de la chapelle neuve par
des pecheurs echappes d'un naufrage. Ces braves gens se font l'idee d'un
Dieu violent et pueril comme ils sont eux-memes. Ils savent qu'il est
terrible dans sa colere, mais qu'il ne faut pas lui en vouloir. Ils en
detiennent son amitie par de petits cadeaux. Ils lui apportent des
joujoux pour l'amuser. Il est vrai que ces joujoux sont des joujoux
symboliques et que ces bateaux d'enfant representent la barque que le
Seigneur a miraculeusement preservee. Je pense bien que le bon saint
Valery a sa part de ces humbles presents; les petits bateaux sont faits
pour lui plaire, car il fut en ses jours terrestres l'ami des bateliers
de la Somme.
Le cap Cornu est magnifique et sauvage, et il est plein de souvenirs.
C'est la qu'il faut nous arreter. La, sous ces grands ormes qui
frissonnent au vent du large, au pied de la chapelle des Marins, a
quelques pas de cette pointe avancee d'ou l'on decouvre a gauche les
falaises du pays de Caux, a droite la baie de la Somme, puis les cotes
basses de Picardie, et, tout en face, la haute mer. Je voudrais rappeler
en quelques mots l'homme fort des anciens jours, qui laissa dans ces
contrees une trace si profonde de son passage.
HISTOIRE DE SAINT GUALARIC OU VALERY
Gualaric ou Walaric, appele depuis Valery, n'est point originaire de la
contree maritime ou son nom fut donne a deux villes et a d'innombrables
eglises. Il naquit de pauvres paysans, dans la province d'Auvergne. Il
fut berger dans son enfance et n'eut qu'une houlette pour tout bien.
Mais il etait riche de sens, d'esprit et de piete.
Il quitta de bonne heure son pays pour se mettre au service du saint
eveque d'Auxerre, Germain. Puis il se fit moine dans l'abbaye de
Luxeuil, que saint Colomban d'Irlande gouvernait alors avec sagesse.
Pourtant les religieux secouerent le joug de leur pasteur, et saint
Colomban, chasse par ses ouailles, prit le chemin de l'exil. La piete,
la modestie et la temperance quittent Luxeuil avec lui. Valery,
profondement afflige, sortit a son tour de ce port salutaire devenu un
pernicieux ecueil, et
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