ultere a paine de estre mis en une brincqueballe qui sera
faicte et mise sur ung des flos de ceste ville et illec tombez et
plonges testes et corps. Assavoir pour la premiere fois que il sera
trouve et sceu que ilz auront adultere ou pourront estre trouvez en lieu
suspect de tel vice, par trois fois dedens ledit flos et de soixante
sols parisis d'amende pour estre donnee pour Dieu aux povres et aux
denuntiateurs et accusateurs de telz crimez. Et pour la seconde fois de
estre fustiguez par les carfours de ceste ville par la main du bourreau
et banys de ladicte ville et paroisse e leurs biens confisques, esperant
que moiennant telles pugnitions l'ire de Dieu Notre Seigneur sera
apaisee."
Il est peut-etre utile de dire ce que c'est que cette brincqueballe sur
laquelle on mettait les victimes des passions de l'amour. Une
brincqueballe est, en langage picard, le levier qui sert sur les navires
a faire jouer le piston de la pompe. Quant aux "flots" de la ville, ce
sont de grandes citernes. Les magistrats valericains punissaient par
l'eau ces memes "peches" que Dante vit chaties dans l'enfer par le
souffle du vent. Le flot dans lequel on trempait les pecheurs charnels
se voit encore proche la porte Guillaume. Il vient d'etre mis a sec. La
municipalite a decide que ce flot serait conserve comme monument
historique.
La fete communale du 15 aout a amene ici quelques forains qui campent
sur la petite place des Pilotes. Des somnambules et des tireuses de
cartes ont detele leur voiture garnie d'un lit blanc. La femme sauvage
est venue aussi. Une peinture deployee le long de la baraque la
represente devorant la chair palpitante d'un homme blanc. En realite la
femme sauvage est une pauvre fille qu'on a ciree comme une botte et qui
garde, sous le cirage, un air de candeur et d'innocence. Elle a des yeux
bleus d'une inalterable douceur. Elle est la vivante image de la
faiblesse, de la souffrance paisible et de la resignation, et c'est elle
qui fait la femme anthropophage! Voila un grand exemple du desordre qui
regne sur cette terre.
L'orgue des chevaux de bois ronfle toute la soiree sur la place des
Pilotes, et mele au bruit des lames qui brisent des airs de bals de
barriere. Les chevaux, assieges par de jolies demoiselles de Paris, et
par des petits pecheurs deguenilles, tournent sans repit.
J'ai longtemps medite sur les chevaux de bois. Je voudrais les etudier
methodiquement. Mais la grandeur du sujet m'effraie. Et j'y decouvr
|