eclamaient dans leurs journaux contre la
requisition, l'emprunt force, la levee forcee des chevaux, l'etat des
finances, le malheur des rentiers, et la severe execution des lois a
l'egard des emigres et des pretres. Ils affectaient de considerer le
gouvernement comme etant encore un gouvernement revolutionnaire, et en
ayant l'arbitraire et la violence. Suivant eux, on ne pouvait pas
se fier encore a lui, et se livrer avec securite a l'avenir. Ils
s'elevaient surtout contre le projet d'une nouvelle campagne; ils
pretendaient qu'on sacrifiait le repos, la fortune, la vie des citoyens,
a la folie des conquetes; et semblaient faches que la revolution eut
l'honneur de donner la Belgique a la France. Du reste, il n'etait point
etonnant, disaient-ils, que le gouvernement eut un pareil esprit et de
tels projets, puisque le directoire et les conseils etaient remplis des
membres d'une assemblee qui s'etait souillee de tous les crimes.
Les patriotes, qui, en fait de reproches et de recriminations, n'etaient
jamais en demeure, trouvaient au contraire le gouvernement trop faible,
et se montraient deja tout prets a l'accuser de condescendance pour les
contre-revolutionnaires. Suivant eux, on laissait rentrer les emigres et
les pretres; on acquittait chaque jour les conspirateurs de vendemiaire;
les jeunes gens de la requisition n'etaient pas assez severement
ramenes aux armees; l'emprunt force etait percu avec mollesse. Ils
desapprouvaient surtout le systeme financier qu'on semblait dispose a
adopter. Deja on a vu que l'idee de supprimer les assignats les
avait irrites, et qu'ils avaient demande sur-le-champ les moyens
revolutionnaires qui, en 1793, ramenerent le papier au pair. Le projet
de recourir aux compagnies financieres et d'etablir une banque reveilla
tous leurs prejuges. Le gouvernement allait, disaient-ils, se remettre
dans les mains des agioteurs; il allait, en etablissant une banque,
ruiner les assignats, et detruire le papier-monnaie de la republique,
pour y substituer un papier prive, de la creation des agioteurs. La
suppression des rations les indigna. Rendre les subsistances au commerce
libre, ne plus nourrir la ville de Paris, etait une attaque a la
revolution: c'etait vouloir affamer le peuple et le pousser au
desespoir. Sur ce point, les journaux du royalisme semblerent d'accord
avec ceux du jacobinisme, et le ministre Benezech fut accable
d'invectives par tous les partis.
Une mesure mit le comble a la colere de
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