et, la saison des operations
militaires etait arrivee. Le ministere anglais, toujours astucieux dans
sa politique, avait tente aupres du gouvernement francais la demarche
dont l'opinion publique lui faisait un devoir. Il avait charge son agent
en Suisse, Wickam, d'adresser des questions insignifiantes au ministre
de France, Barthelemy. Cette ouverture, faite le 17 ventose (7 mars
1796), avait pour but de demander si la France etait disposee a la paix,
si elle consentirait a un congres pour en discuter les conditions,
si elle voulait faire connaitre a l'avance les bases principales sur
lesquelles elle etait resolue a traiter. Une pareille demarche n'etait
qu'une vaine satisfaction donnee par Pitt a sa nation, afin d'etre
autorise par un refus de la France a demander de nouveaux sacrifices.
Si en effet Pitt avait ete sincere, il n'aurait pas charge de cette
ouverture un agent sans pouvoirs; il n'aurait pas demande un congres
europeen, qui, par la complication des questions, ne pouvait rien
terminer, et que la France d'ailleurs avait deja refuse a l'Autriche par
l'intermediaire du Danemarck; enfin il n'aurait pas demande sur quelles
bases la negociation devait s'ouvrir, puisqu'il savait que, d'apres
la constitution, les Pays-Bas etaient devenus partie du territoire
francais, et que le gouvernement actuel ne pouvait consentir a les en
detacher. Le directoire, qui ne voulait pas etre pris pour dupe, fit
repondre a Wickam que ni la forme ni l'objet de cette demarche n'etaient
de nature a faire croire a sa sincerite; que, du reste, pour demontrer
ses intentions pacifiques, il consentait a faire une reponse a des
questions qui n'en meritaient pas, et qu'il declarait vouloir traiter
sur les bases seules fixees par la constitution. C'etait annoncer d'une
maniere definitive que la France ne renoncerait jamais a la Belgique. La
lettre du directoire, ecrite avec convenance et fermete, fut aussitot
publiee avec celle de Wickam. C'etait le premier exemple d'une
diplomatie franche et ferme sans jactance.
Chacun approuva le directoire, et de part et d'autre on se prepara en
Europe a recommencer les hostilites. Pitt demanda au parlement un nouvel
emprunt de 7 millions sterling, et il s'efforca d'en negocier un autre
de 3 millions pour l'empereur. Il avait beaucoup travaille aupres du roi
de Prusse pour le tirer de sa neutralite et le faire rentrer dans la
lutte; il lui offrit des fonds, et lui representa qu'arrivant a la fin
de la guerr
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