parte. Elles arriverent a Cherasco le 4 floreal (23 avril).
Bonaparte n'avait pas de pouvoir pour signer la paix; mais il etait le
maitre de signer un armistice, et il s'y decida. Il avait neglige le
plan du directoire, pour achever de reduire les Piemontais; il n'avait
pas eu cependant pour but de conquerir le Piemont, mais seulement
d'assurer ses derrieres. Pour conquerir le Piemont, il fallait
prendre Turin, et il n'avait ni le materiel necessaire, ni des forces
suffisantes pour fournir un corps de blocus et se reserver une armee
active. D'ailleurs la campagne se bornait des lors a un siege. En
s'entendant avec le Piemont, avec des garanties necessaires, il pouvait
fondre en surete sur les Autrichiens et les chasser de l'Italie. On
disait autour de lui qu'il fallait ne pas accorder de condition, qu'il
fallait detroner un roi, le parent des Bourbons, et repandre dans le
Piemont la revolution francaise. C'etait dans l'armee l'opinion de
beaucoup de soldats, d'officiers et de generaux, et surtout d'Augereau,
qui etait ne au faubourg Saint-Antoine, et qui en avait les opinions. Le
jeune Bonaparte n'etait point de cet avis; il sentait la difficulte de
revolutionner une monarchie, qui etait la seule militaire en Italie, et
ou les anciennes moeurs s'etaient parfaitement conservees; il ne devait
pas se creer des embarras sur sa route; il voulait marcher rapidement a
la conquete de l'Italie, qui dependait de la destruction des Autrichiens
et de leur expulsion au-dela des Alpes. Il ne voulait donc rien faire
qui put compliquer sa situation et ralentir sa marche.
En consequence il consentit a un armistice; mais il ajouta en
l'accordant, que, dans l'etat respectif des armees, un armistice lui
serait funeste si on ne lui donnait des garanties certaines pour ses
derrieres; en consequence, il demanda qu'on lui livrat les trois
places de Coni, Tortone et Alexandrie, avec tous les magasins qu'elles
renfermaient, lesquels serviraient a l'armee, sauf a compter ensuite
avec la republique; que les routes du Piemont fussent ouvertes aux
Francais, ce qui abregeait considerablement le chemin de la France aux
bords du Po; qu'un service d'etape fut prepare sur ces routes pour les
troupes qui les traverseraient; et que enfin l'armee sarde fut dispersee
dans les places, de maniere que l'armee francaise n'eut rien a en
craindre. Ces conditions furent acceptees, et l'armistice fut signe a
Cherasco, le 9 floreal (28 avril), avec le colonel Lacoste
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