ldats dociles et braves du Piemont, les soldats
napolitains, vrais lazzaroni, sans tenue, sans discipline, avaient
la lachete ordinaire des armees privees d'organisation. Naples avait
toujours promis de reunir trente mille hommes a l'armee de Dewins, et
n'avait envoye que deux mille quatre cents hommes de cavalerie, bien
montee et assez bonne.
Tels etaient les principaux etats situes dans la peninsule, a la droite
de Bonaparte. En face de lui, dans le demi-cercle de la Haute-Italie,
il trouvait d'abord, sur le penchant de l'Apennin, le duche de Parme,
Plaisance et Guastalla, comprenant cinq cent mille habitans, entretenant
trois mille hommes de troupes, fournissant quatre millions de revenu, et
gouverne par un prince espagnol qui etait ancien eleve de Condillac, et
qui, malgre une saine education, etait tombe sous le joug de moines et
des pretres. Un peu plus a droite encore, toujours sur le penchant de
l'Apennin, se trouvaient le duche de Modene, Reggio, la Mirandole,
peuple de quatre cent mille habitans, ayant six mille hommes sous les
armes, et place sous l'autorite du dernier descendant de l'illustre
maison d'Est. Ce prince defiant avait concu une telle crainte de
l'esprit du siecle, qu'il etait devenu prophete a force de peur, et
avait prevu la revolution. On citait ses predictions. Dans ses terreurs,
il avait songe a se premunir contre les coups du sort, et avait amasse
d'immenses richesses en pressurant ses etats. Avare et timide, il etait
meprise de ses sujets, qui sont les plus eveilles, les plus malicieux
de l'Italie, et les plus disposes a embrasser les idees nouvelles. Plus
loin, au-dela du Po, venait la Lombardie, gouvernee pour l'Autriche par
un archiduc. Cette belle et fertile plaine, placee entre les eaux des
Alpes qui la fecondent, et celles de l'Adriatique qui lui apportent
les richesses de l'Orient, couverte de bles, de riz, de paturages,
de troupeaux, et riche entre toutes les provinces du monde, etait
mecontente de ses maitres etrangers. Elle etait guelfe encore, malgre
son long esclavage. Elle contenait douze cent mille habitans. Milan, la
capitale, fut toujours l'une des villes les plus eclairees de l'Italie:
moins favorisee sous le rapport des arts que Florence ou Rome, elle
etait plus voisine cependant des lumieres du Nord, et elle renfermait
grand nombre d'hommes qui souhaitaient la regeneration civile et
politique des peuples.
Enfin le dernier etat de la Haute-Italie etait l'antique republi
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