etaient a Paris. Baboeuf et Drouet entrerent en communication
avec eux. Il y eut de grandes discussions sur le choix des moyens. Les
conventionnels trouvaient trop extraordinaires ceux que proposait le
directoire insurrecteur. Ils voulaient le retablissement de l'ancienne
convention, avec l'organisation prescrite par la constitution de 1793.
Enfin on s'entendit, et l'insurrection fut preparee pour le mois de
floreal (avril-mai). Les moyens dont le directoire secret se proposait
d'user, etaient vraiment effrayans. D'abord il s'etait mis en
correspondance avec les principales villes de France, pour que la
revolution fut simultanee et semblable partout. Les patriotes devaient
partir de leurs quartiers en portant des guidons sur lesquels seraient
ecrits ces mots: _Liberte, Egalite, Constitution de 1793, Bonheur
commun_. Quiconque resisterait au peuple souverain serait mis a mort. On
devait egorger les cinq directeurs, certains membres des cinq-cents, le
general de l'armee de l'interieur; on devait s'emparer du Luxembourg, de
la Tresorerie, du telegraphe, des arsenaux et du depot d'artillerie de
Meudon. Pour engager le peuple a se soulever et ne plus _le payer de
vaines promesses_, on devait obliger tous les habitans aises de loger,
heberger et nourrir chaque homme qui aurait pris part a l'insurrection.
Les boulangers, les marchands de vin seraient tenus de fournir du pain
et des boissons au peuple, moyennant une indemnite que leur paierait la
republique, et sous peine d'etre pendus a la lanterne en cas de
refus. Tout soldat qui passerait du cote de l'insurrection aurait son
equipement en propriete, recevrait une somme d'argent, et aurait la
faculte de retourner dans ses foyers. On esperait gagner ainsi tous ceux
qui servaient a regret. Quant aux soldats de metier qui avaient pris
gout a la guerre, on leur donnait a piller les maisons des royalistes.
Pour tenir les armees au complet, et remplacer ceux qui rentreraient
dans leurs foyers, on se proposait d'accorder aux soldats des avantages
tels, qu'on ferait lever spontanement une multitude de nouveaux
volontaires.
On voit quelles combinaisons terribles et insensees avaient concues
ces esprits desesperes. Ils designerent Rossignol, l'ex-general de la
Vendee, pour commander l'armee parisienne d'insurrection. Ils avaient
pratique des intelligences dans cette legion de police qui faisait
partie de l'armee de l'interieur, et toute composee de patriotes, de
gendarmes des tribunau
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