x, d'anciens gardes-francaises. Elle se mutina en
effet, mais trop tot, et fut dissoute par le directoire. Le ministre de
la police Cochon, qui suivait les progres de la conspiration, qui lui
fut denoncee par un officier de l'armee de l'interieur qu'on avait voulu
enroler, la laissa se continuer pour en saisir tous les fils. Le 20
floreal (9 mai), Baboeuf, Drouet, et les autres chefs et agens devaient
se reunir rue Bleue, chez un menuisier. Des officiers de police, apostes
dans les environs, saisirent les conspirateurs, et les conduisirent
sur-le-champ en prison. On arreta en outre les ex-conventionnels
Laignelot, Vadier, Amar, Ricard, Choudieu, le Piemontais Buonarotti,
l'ex-membre de l'assemblee legislative Antonelle, Pelletier (de
Saint-Fargeau), frere de celui qui avait ete assassine. On demanda
aussitot aux deux conseils la mise en accusation de Drouet, qui etait
membre des cinq-cents, et on les envoya tous devant la haute cour
nationale, qui n'etait pas encore organisee, et qu'on se mit a organiser
sur-le-champ. Baboeuf, dont la morgue egalait le fanatisme, ecrivit
au directoire une lettre singuliere, et qui peignait le delire de son
esprit. "Je suis une puissance, ecrivait-il aux cinq directeurs; ne
craignez donc pas de traiter avec moi d'egal a egal. Je suis le chef
d'une secte formidable que vous ne detruirez pas en m'envoyant a la
mort, et qui, apres mon supplice, n'en sera que plus irritee et plus
dangereuse. Vous n'avez qu'un seul fil de la conspiration; ce n'est rien
d'avoir arrete quelques individus; les chefs renaitront sans cesse.
Epargnez-vous de verser du sang inutile; vous n'avez pas encore fait
beaucoup d'eclat, n'en faites pas davantage, traitez avec les patriotes;
ils se souviennent que vous futes autrefois des republicains sinceres;
ils vous pardonneront, si vous voulez concourir avec eux au salut de la
republique."
Le directoire ne fit aucun cas de cette lettre extravagante, et ordonna
l'instruction du proces. Cette instruction devait etre longue, car on
voulait proceder dans toutes les formes. Ce dernier acte de vigueur
acheva de consolider le directoire dans l'opinion generale. La fin de
l'hiver approchait; les factions etaient surveillees et contenues;
l'administration etait dirigee avec zele et avec soin; le papier-monnaie
renouvele donnait seul des inquietudes; il avait fourni cependant
des ressources momentanees pour faire les premiers preparatifs de
la campagne qui allait s'ouvrir. En eff
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