iser provisoirement la province, pour en tirer les ressources
necessaires a son armee, et pour regler toutes choses sur ses derrieres.
Son projet ensuite etait toujours de courir a l'Adige et a Mantoue, et
s'il etait possible, jusque dans le Tyrol et au-dela des Alpes.
Les Autrichiens avaient laisse deux mille hommes dans le chateau de
Milan. Bonaparte le fit investir sur-le-champ. On convint avec le
commandant du chateau qu'il ne tirerait pas sur la ville, car elle etait
une propriete autrichienne qu'il n'avait pas interet a detruire. Les
travaux du siege furent commences sur-le-champ.
Bonaparte, sans se trop engager avec les Milanais, et sans leur
promettre une independance qu'il ne pouvait pas leur assurer, leur donna
cependant assez d'esperances pour exciter leur patriotisme. Il leur tint
un langage energique, et leur dit, que pour avoir la liberte, il fallait
la meriter, en l'aidant a soustraire pour jamais l'Italie a l'Autriche.
Il institua provisoirement une administration municipale. Il fit
former des gardes nationales partout, afin de donner un commencement
d'organisation militaire a la Lombardie. Il s'occupa ensuite des besoins
de son armee, et fut oblige de frapper une contribution de 20 millions
sur le Milanais. Cette mesure lui semblait facheuse, parce qu'elle
devait retarder la marche de l'esprit public; mais elle ne fut cependant
pas trop mal accueillie; d'ailleurs elle etait indispensable. Grace aux
magasins trouves dans le Piemont, aux bles fournis par le duc de
Parme, l'armee etait dans une grande abondance de vivres. Les soldats
engraissaient, ils mangeaient du bon pain, de la bonne viande, et
buvaient de l'excellent vin. Ils etaient contens, et commencaient a
observer une exacte discipline. Il ne restait plus qu'a les habiller.
Couverts de leurs vieux habits des Alpes, ils etaient deguenilles, et
n'etaient imposans que par leur renommee, leur tenue martiale, et leur
belle discipline. Bonaparte trouva bientot de nouvelles ressources. Le
duc de Modene, dont les etats longeaient le Po, au-dessous de ceux du
duc de Parme, lui depecha des envoyes pour obtenir les memes conditions
que le duc de Parme. Ce vieux prince avare, voyant toutes ses
predictions realisees, s'etait sauve a Venise, avec ses tresors,
abandonnant le gouvernement de ses etats a une regence. Ne voulant pas
cependant les perdre, il demandait a traiter. Bonaparte ne pouvait
accorder la paix, mais il pouvait accorder des armistices, qui
|