e, lorsque tous les partis etaient epuises, il aurait une
superiorite assuree. Le roi de Prusse, ne voulant pas retomber dans
ses premieres fautes, ne se laissa pas abuser et persista dans sa
neutralite. Une partie de son armee, stationnee en Pologne, veillait
a l'incorporation des nouvelles conquetes; l'autre, rangee le long du
Rhin, etait prete a defendre la ligne de neutralite contre celle des
puissances qui la violerait, et a prendre sous sa protection ceux des
etats de l'Empire qui reclameraient la mediation prussienne. La Russie,
toujours feconde en promesses, n'envoyait pas encore de troupes, et
s'occupait a organiser la part de territoire qui lui etait echue en
Pologne.
L'Autriche, enflee de ses succes a la fin de la campagne precedente, se
preparait a la guerre avec ardeur, et se livrait aux esperances les
plus presomptueuses. Le general auquel elle devait ce leger retour de
fortune, avait cependant ete destitue, malgre tout l'eclat de sa
gloire. Clerfayt, ayant deplu au conseil aulique, fut remplace dans le
commandement de l'armee du Bas-Rhin par le jeune archiduc Charles, dont
on esperait beaucoup sans cependant prevoir encore ses talens. Il avait
montre dans les campagnes precedentes les qualites d'un bon officier.
Wurmser commandait toujours l'armee du Haut-Rhin. Pour decider le roi de
Sardaigne a continuer la guerre, on avait envoye un renfort considerable
a l'armee imperiale qui se battait en Piemont; et on lui avait donne le
general Beaulieu, qui s'etait acquis beaucoup de reputation dans les
Pays-Bas. L'Espagne, commencant a jouir de la paix, etait attentive a la
nouvelle lutte qui allait s'ouvrir, et, maintenant mieux eclairee sur
ses veritables interets, faisait des voeux pour la France.
Le directoire, zele comme un gouvernement nouveau, et jaloux d'illustrer
son administration, meditait de grands projets. Il avait mis ses armees
dans un etat de force respectable; mais il n'avait pu que leur envoyer
des hommes, sans leur fournir les approvisionnemens necessaires. Toute
la Belgique avait ete mise a contribution pour nourrir l'armee de
Sambre-et-Meuse; des efforts extraordinaires avaient ete faits pour
faire vivre celle du Rhin au milieu des Vosges. Cependant on n'avait pu
ni leur procurer des moyens de transport, ni remonter leur cavalerie.
L'armee des Alpes avait vecu des magasins pris aux Autrichiens apres la
bataille de Loano; mais elle n'etait ni vetue, ni chaussee, et le pret
etait arriere. La
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