nement une certaine quantite de
biens a vendre, la faculte d'engager les grandes forets, l'emprunt
force, et on lui avait laisse la planche aux assignats comme ressource
extreme. Pour devancer le produit de ces differentes ressources, il
avait, comme on a vu, cree 60 millions de rescriptions, especes de
bons de l'echiquier, ou de bons royaux, acquittables avec le premier
numeraire qui rentrerait dans les caisses. Mais ces rescriptions
n'avaient obtenu cours que tres difficilement. Les banquiers reunis
pour concerter un projet de banque territoriale, fondee sur les biens
nationaux, s'etaient retires en entendant les cris pousses par les
patriotes contre les agioteurs et les traitans. L'emprunt force se
percevait beaucoup plus lentement qu'on ne l'avait cru. La repartition
portait sur des bases extremement arbitraires, puisque l'emprunt devait
etre frappe sur les classes les plus aisees; chacun reclamait, et
chaque part de l'emprunt a percevoir occasionnait une contestation
aux percepteurs. A peine un tiers etait rentre en deux mois. Quelques
millions en numeraire et quelques milliards en papier avaient ete
percus. Dans l'insuffisance de cette ressource, on avait eu encore
recours au moyen extreme, laisse au gouvernement pour suppleer a tous
les autres, la planche aux assignats. Les emissions avaient ete portees
depuis les deux derniers mois, a la somme inouie de 45 milliards: 20
milliards avaient a peine fourni 100 millions, car les assignats ne
valaient plus que le deux-centieme de leur titre. Decidement le public
n'en voulait plus du tout, car ils n'etaient plus bons a rien. Ils ne
pouvaient servir au remboursement des creances, qui etait suspendu;
ils ne pouvaient solder que la moitie des fermages et de l'impot, car
l'autre moitie se payait en nature; ils etaient refuses dans les marches
ou recus d'apres leur valeur reduite; enfin, on ne les prenait dans
la vente des biens qu'au taux meme des marches, les encheres faisant
toujours monter l'offre a proportion de l'avilissement du papier. On
n'en pouvait donc faire aucun emploi capable de leur donner quelque
valeur. Une emission dont on ne connaissait pas le terme, faisait
prevoir encore des chiffres extraordinaires qui rendraient les sommes
les plus modiques. Les milliards signifiaient tout au plus des millions.
Cette chute, dont nous avons parle[1] lorsqu'on refusa d'interdire les
encheres dans la vente des biens, etait realisee.
[Footnote 1: Voyez tom. VIII, page 19
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