republique dans son propre sein. Elle voyait, au contraire, dans ces
pays cent mille hommes, dont cinquante mille devenaient disponibles, et
pouvaient etre employes a quelque entreprise fatale pour elle. Hoche, en
effet, nourrissait un grand projet, qu'il reservait pour le milieu de
la belle saison. Le gouvernement, charme des services qu'il venait de
rendre, et voulant le dedommager de la tache degoutante qu'il avait su
remplir, fit declarer pour lui, comme pour les armees qui remportaient
de grandes victoires, que l'armee de l'Ocean et son chef avaient bien
merite de la patrie. Ainsi la Vendee etait pacifiee des le mois de
germinal, avant qu'aucune des armees fut entree en campagne. Le
directoire pouvait se livrer sans inquietude a ses grandes operations,
et tirer meme des cotes de l'Ocean d'utiles renforts.
CHAPITRE III.
CAMPAGNE DE 1796.---CONQUETE DU PIEMONT ET DE LA LOMBARDIE PAR LE
GENERAL BONAPARTE. BATAILLE DE MONTENOTTE, MILLESIMO. PASSAGE DU PONT DE
LODI. ETABLISSEMENT ET POLITIQUE DES FRANCAIS EN ITALIE.---OPERATIONS
MILITAIRES DANS LE NORD.---PASSAGE DU RHIN PAR LES GENERAUX JOURDAN ET
MOREAU. BATAILLE DE RADSTADT ET D'ETTLINGEN.--L'ARMEE D'ITALIE PREND SES
POSITIONS SUR L'ADIGE ET SUR LE DANUBE.
La cinquieme campagne de la liberte allait commencer; elle devait
s'ouvrir sur les plus beaux theatres militaires de l'Europe, sur
les plus varies en obstacles, en accidens, en ligues de defense ou
d'attaque. C'etaient, d'une part, la grande vallee du Rhin et les deux
vallees transversales du Mein et du Necker; de l'autre, les Alpes, le
Po, la Lombardie. Les armees qui allaient entrer en ligne etaient les
plus aguerries que jamais on eut vues sous les armes; elles etaient
assez nombreuses pour remplir le terrain sur lequel elles devaient agir,
mais pas assez pour rendre les combinaisons inutiles et reduire la
guerre a une simple invasion. Elles etaient commandees par de jeunes
generaux, libres de toute routine, affranchis de toute tradition,
mais instruits cependant, et exaltes par de grands evenemens. Tout se
reunissait donc pour rendre la lutte opiniatre, variee, feconde en
combinaisons, et digne de l'attention des hommes.
Le projet du gouvernement francais, comme on l'a vu, etait d'envahir
l'Allemagne pour faire vivre ses armees en pays ennemi, pour detacher
les princes de l'Empire, investir Mayence, et menacer les Etats
hereditaires. Il voulait en meme temps essayer une tentative hardie
en Italie po
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