ive de debarquement qui avait ete faite
sur ses cotes, il ne voulut plus reculer, et finit en desespere. Il
exhala, dit-on, un vif ressentiment contre les princes qu'il avait
servis, et dont il se regardait comme abandonne.
La mort de Charette causa autant de joie que la plus belle victoire sur
les Autrichiens. Sa mort decidait la fin de la guerre civile. Hoche,
croyant n'avoir plus rien a faire dans la Vendee, en retira le gros
de ses troupes, pour les porter au-dela de la Loire, et desarmer la
Bretagne. Il y laissa neanmoins des forces suffisantes pour reprimer les
brigandages isoles, qui suivent d'ordinaire les guerres civiles, et pour
achever le desarmement du pays. Avant de passer en Bretagne, il eut
a comprimer un mouvement de revolte qui eclata dans le voisinage de
l'Anjou, vers le Berry. Ce fut l'occupation de quelques jours; il se
porta ensuite avec vingt mille hommes en Bretagne, et, fidele a son
plan, l'embrassa d'un vaste cordon de la Loire a Granville. Les
malheureux chouans ne pouvaient pas tenir contre un effort aussi grand
et aussi bien concerte; Scepeaux, entre la Vilaine et la Loire, demanda
le premier a se soumettre. Il remit un nombre considerable d'armes. A
mesure qu'ils etaient refoules vers l'Ocean, les chouans devenaient plus
opiniatres. Prives de munitions, ils se battaient corps a corps, a coups
de poignard et de baionnette. Enfin on les accula tout a fait a la mer.
Le Morbihan, qui depuis long-temps s'etait separe de Puisaye, rendit ses
armes. Les autres divisions suivirent cet exemple les unes apres les
autres. Bientot toute la Bretagne fut soumise a son tour, et Hoche
n'eut plus qu'a distribuer ses cent mille hommes en une multitude de
cantonnemens pour surveiller le pays, et les faire vivre plus aisement.
Le travail qui lui restait a faire ne consistait plus qu'en des soins
d'administration et de police; il lui fallait quelques mois encore d'un
gouvernement doux et habile pour calmer les haines, et retablir la paix.
Malgre les cris furieux de tous les partis, Hoche etait craint, cheri,
respecte dans la contree, et les royalistes commencaient a pardonner
a une republique si dignement representee. Le clerge surtout, dont il
avait su capter la confiance, lui etait entierement devoue, et le
tenait exactement instruit de ce qu'il avait interet a connaitre. Tout
presageait la paix et la fin d'horribles calamites. L'Angleterre ne
pouvait plus compter sur les provinces de l'Ouest pour attaquer la
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