s recevrait en paiement des biens, non a leur valeur
d'emission, mais a leur valeur reduite. Les malveillans faisaient
entendre ainsi que le nouveau papier etait un leurre, que jamais les
biens ne seraient alienes, et que la republique voulait se les reserver
comme un gage apparent et eternel de toutes les especes de papier
qu'il lui plairait d'emettre. Cependant les ventes s'ouvrirent. Les
souscriptions furent nombreuses. Le mandat de 100 fr. etait tombe a
15 fr. Il remonta successivement a 30, 40, et en quelques lieux a 88
francs. On espera donc un instant le succes de la nouvelle operation.
C'etait au milieu des factions secretement conjurees contre lui que
le directoire se livrait a ces travaux. Les agens de la royaute
continuaient leurs secretes menees. La mort de Lemaitre ne les avait pas
disperses. Brottier, acquitte, etait devenu le chef de l'agence. Duverne
de Presle, Laville-Heurnois, Despomelles, s'etaient reunis a lui,
et formaient secretement le comite royal. Ces miserables brouillons
n'avaient pas plus d'influence que par le passe; ils intriguaient,
demandaient de l'argent a grands cris, ecrivaient de nombreuses
correspondances, et promettaient merveilles. Ils etaient toujours les
intermediaires entre le pretendant et la Vendee, ou ils avaient
de nombreux agens. Ils persistaient dans leurs idees, et voyant
l'insurrection comprimee par Hoche, et prete a expirer sous ses coups,
ils se confirmaient toujours davantage dans le systeme de tout faire a
Paris, meme par un mouvement de l'interieur. Ils se vantaient, comme
du temps de la convention, d'etre en rapport avec plusieurs deputes du
nouveau tiers, et ils pretendaient qu'il fallait temporiser, travailler
l'opinion par des journaux, deconsiderer le gouvernement, et tout
preparer pour que les elections de l'annee suivante amenassent un
nouveau tiers de deputes entierement contre-revolutionnaires. Ils se
flattaient ainsi de detruire la constitution republicaine par les moyens
de la constitution meme. Ce plan etait certainement le moins chimerique,
et c'est celui qui donne l'idee la plus favorable de leur intelligence.
Les patriotes de leur cote preparaient des complots, mais autrement
dangereux par les moyens qu'ils avaient a leur disposition. Chasses du
Pantheon, condamnes tout a fait par le gouvernement, qui s'etait separe
d'eux, et qui leur retirait leurs emplois, ils s'etaient declares
contre lui, et etaient devenus ses ennemis irreconciliables. Se voyan
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