ail pour la contree. Il ecrivit a Hoche de ne lui accorder
aucune transaction. Mais lorsque Hoche recut ces nouveaux ordres,
Charette avait deja declare que sa demande n'etait qu'une feinte pour
obtenir quelques momens de repos, et qu'il ne voulait pas du pardon des
republicains. Il s'etait mis de nouveau a courir les bois.
Charette ne pouvait pas echapper plus longtemps aux republicains.
Poursuivi a la fois par des colonnes d'infanterie et de cavalerie,
observe par des troupes de soldats deguises, denonce par les habitans,
qui voulaient sauver leur pays de la devastation, traque dans les
bois comme une bete fauve, il tomba le 2 germinal (22 mars) dans une
embuscade qui lui fut tendue par Travot. Arme jusqu'aux dents, et
entoure de quelques braves qui s'efforcaient de le couvrir de leurs
corps, il se defendit comme un lion, et tomba enfin frappe de plusieurs
coups de sabre. Il ne voulut remettre son epee qu'au brave Travot, qui
le traita avec tous les egards dus a un si grand courage. Il fut conduit
au quartier republicain, et admis a table aupres du chef de l'etat-major
Hedouville. Il s'entretint avec une grande serenite, et ne montra nulle
affliction du sort qui l'attendait. Traduit d'abord a Angers, il fut
ensuite transporte a Nantes, pour y terminer sa vie aux memes lieux qui
avaient ete temoins de son triomphe. Il subit un interrogatoire auquel
il repondit avec beaucoup de calme et de convenance. On le questionna
sur les pretendus articles secrets du traite de La Jaunaye, et il avoua
qu'il n'en existait point. Il ne chercha ni a pallier sa conduite, ni
a excuser ses motifs; il avoua qu'il etait serviteur de la royaute, et
qu'il avait travaille de toutes ses forces a renverser la republique. Il
montra de la dignite et une grande impassibilite. Conduit au supplice au
milieu d'un peuple immense, qui n'etait point assez genereux pour lui
pardonner les maux de la guerre civile, il conserva toute son assurance.
Il etait tout sanglant; il avait perdu trois doigts dans son dernier
combat, et portait le bras en echarpe. Sa tete etait enveloppee d'un
mouchoir. Il ne voulut ni se laisser bander les yeux, ni se mettre a
genoux. Reste debout, il detacha son bras de son echarpe, et donna le
signal. Il tomba mort sur-le-champ. C'etait le 9 germinal (29 mars.)
Ainsi finit cet homme celebre, dont l'indomptable courage causa tant de
maux a son pays, et meritait de s'illustrer dans une autre carriere.
Compromis par la derniere tentat
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