Le
president du directoire prononca un discours energique, et le
gouvernement entier fit ainsi la profession de foi la plus
revolutionnaire.
A cette epoque arriverent les deputes qui avaient ete echanges contre la
fille de Louis XVI. C'etaient Quinette, Bancal, Camus, Lamarque, Drouet
et l'ex-ministre de la guerre Beurnonville. Ils firent le rapport de
leur captivite; on l'ecouta avec une vive indignation, on leur donna de
justes marques d'interet, et ils prirent, au milieu de la satisfaction
generale, la place que la convention leur avait assuree dans les
conseils. Il avait ete decrete, en effet, qu'ils seraient de droit
membres du corps legislatif.
Ainsi marchaient le gouvernement et les partis, pendant l'hiver de l'an
IV (1795 a 1796).
La France, qui souhaitait un gouvernement et le retablissement des lois,
commencait a gouter le nouvel etat de choses, et l'aurait meme approuve
tout a fait, sans les efforts qu'on exigeait d'elle pour le salut de
la republique. L'execution rigoureuse des lois sur la requisition,
l'emprunt force, la levee du trentieme cheval, l'etat miserable des
rentiers payes en assignats, etaient de graves sujets de plaintes; sans
tous ces motifs, elle aurait trouve le nouveau gouvernement excellent.
Il n'y a que l'elite d'une nation qui soit sensible a la gloire, a la
liberte, aux idees nobles et genereuses, et qui consente a leur faire
des sacrifices. La masse veut du repos, et demande a faire le moins
de sacrifices possible. Il est des momens ou cette masse entiere se
reveille, mue de passions grandes et profondes: on le vit, en 1789,
quand il avait fallu conquerir la liberte, et, en 1793, quand il avait
fallu la defendre. Mais, epuisee par ces efforts, la grande majorite de
la France n'en voulait plus faire. Il fallait un gouvernement habile et
vigoureux pour obtenir d'elle les ressources necessaires au salut de
la republique. Heureusement la jeunesse, toujours prete a une vie
aventuriere, presentait de grandes ressources pour recruter les armees.
Elle montrait d'abord beaucoup de repugnance a quitter ses foyers; mais
elle cedait apres quelque resistance. Transportee dans les camps, elle
prenait un gout decide pour la guerre, et y faisait des prodiges de
valeur. Les contribuables, dont on exigeait des sacrifices d'argent,
etaient bien plus difficiles a soumettre et a concilier au gouvernement.
Les ennemis de la revolution prenaient texte des sacrifices nouveaux
imposes a la France, et d
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