scelerat, un buveur de sang, quoiqu'il s'appliquat a les detruire
par les voies les plus loyales; mais les patriotes eux-memes le
tourmentaient de leurs calomnies. Les refugies de la Vendee et de la
Bretagne, dont il reprimait les fureurs, et dont il contrariait la
paresse, en cessant de les nourrir des qu'il y avait surete pour eux
sur leurs terres, le denoncaient au directoire. Les administrations
des villes qu'il mettait en etat de siege, reclamaient contre
l'etablissement du systeme militaire, et le denoncaient aussi. Des
communes soumises a des amendes, ou a la perception militaire de
l'impot, se plaignaient a leur tour. C'etait un concert continuel de
plaintes et de reclamations. Hoche, dont le caractere etait irritable,
fut plusieurs fois pousse au desespoir, et demanda formellement sa
demission. Mais le directoire la refusa, elle consola par de nouveaux
temoignages d'estime et de confiance. Il lui fit un don national de deux
beaux chevaux, don qui n'etait pas seulement une recompense, mais un
secours indispensable. Ce jeune general, qui aimait les plaisirs, qui
etait a la tete d'une armee de cent mille hommes, et qui disposait
du revenu de plusieurs provinces, manquait cependant quelquefois du
necessaire. Ses appointemens payes en papier, se reduisaient a rien.
Il manquait de chevaux, de selles, de brides, et il demandait
l'autorisation de prendre, en les payant, six selles, six brides, des
fers de cheval, quelques bouteilles de rhum, et quelques pains de sucre,
dans les magasins laisses par les Anglais a Quiberon: exemple admirable
de delicatesse, que nos generaux republicains donnerent souvent, et qui
allait devenir tous les jours plus rare, a mesure que nos invasions
allaient s'etendre, et que nos moeurs guerrieres allaient se corrompre
par l'effet des conquetes et des moeurs de cour!
Encourage par le gouvernement, Hoche continua ses efforts pour finir son
ouvrage dans la Vendee. La pacification complete ne dependait plus que
de la prise de Charette. Ce chef, reduit aux abois, fit demander a
Hoche la permission de passer en Angleterre. Hoche y consentit, d'apres
l'autorisation qu'il en trouvait dans l'arrete du directoire, relatif
aux chefs qui feraient leur soumission. Mais Charette n'avait fait
cette demande que pour obtenir un peu de repit, et il n'en voulait
pas profiter. De son cote, le directoire ne voulait pas faire grace a
Charette, parce qu'il pensait a que ce chef fameux serait toujours un
epouvant
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