ouvoir
du general etait insuffisant, comme une requisition de vivres ou de
troupes, ils pouvaient prendre une decision d'urgence, qui etait
provisoirement executee, et soumise ensuite a l'approbation du
directoire. Des plaintes s'etant elevees contre beaucoup de
fonctionnaires choisis par le directoire dans le premier moment de son
installation, il enjoignit a ses commissaires civils de les surveiller,
de recueillir les plaintes qui s'eleveraient contre eux, et de lui
designer ceux dont le remplacement serait convenable.
Pour surveiller les factions, qui, obligees maintenant de se cacher,
allaient agir dans l'ombre, le directoire imagina la creation d'un
ministere special de la police.
La police est un objet important dans les temps de troubles. Les trois
assemblees precedentes lui avaient consacre un comite nombreux; le
directoire ne crut pas devoir la laisser parmi les attributions
accessoires du ministere de l'interieur, et proposa aux deux conseils
d'eriger un ministere special. L'opposition pretendit que c'etait une
institution inquisitoriale, ce qui etait vrai, et ce qui malheureusement
etait inherent a un temps de factions, et surtout de factions obstinees
et obligees de comploter secretement. Le projet fut approuve. On appela
le depute Cochon aux fonctions de ce nouveau ministere. Le directoire
aurait voulu encore des lois sur la liberte de la presse. La
constitution la declarait illimitee, sauf les dispositions qui
pourraient devenir necessaires pour en reprimer les ecarts. Les deux
conseils, apres une discussion solennelle, rejeterent tout projet de loi
repressive. Les roles furent encore intervertis dans cette discussion.
Les partisans de la revolution, qui devaient etre partisans de
la liberte illimitee, demandaient des moyens de repression; et
l'opposition, dont la pensee secrete inclinait plutot a la monarchie
qu'a la republique, vota pour la liberte illimitee; tant les partis sont
gouvernes par leur interet! Du reste, la decision etait sage. La presse
peut etre illimitee sans danger: il n'y a que la verite de redoutable;
le faux est impuissant; plus il s'exagere, plus il s'use. Il n'y a pas
de gouvernement qui ait peri par le mensonge. Qu'importe qu'un Baboeuf
celebrat la loi agraire, qu'une _Quotidienne_ rabaissat la grandeur de
la revolution, calomniat ses heros et cherchat a relever les princes
bannis! Le gouvernement n'avait qu'a laisser declamer: huit jours
d'exageration et de mensonge usent tout
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