otte, pour venir tomber a Savone sur le centre
de l'armee francaise, pendant sa marche supposee vers Genes. Il ne
trouva a Montenotte que le colonel Rampon, a la tete de douze
cents hommes, et l'obligea a se replier dans l'ancienne redoute de
Montelegino, qui fermait la route de Montenotte. Le brave colonel,
sentant l'importance de cette position, s'enferma dans la redoute, et
resista avec opiniatrete a tous les efforts des Autrichiens. Trois
fois il fut attaque par toute l'infanterie ennemie, trois fois il la
repoussa. Au milieu du feu le plus meurtrier, il fit jurer a ses soldats
de mourir dans la redoute, plutot que de l'abandonner. Les soldats le
jurerent, et demeurerent toute la nuit sous les armes. Cet acte de
courage sauva les plans du general Bonaparte, et peut-etre l'avenir de
la campagne.
Bonaparte, en ce moment, etait a Savone. Il n'avait pas fait retrancher
le col de Montenotte, parce qu'on ne se retranche pas quand on est
decide a prendre l'offensive. Il apprit ce qui s'etait passe dans la
journee a Montelegino et a Voltri. Sur-le-champ il sentit que le
moment etait venu de mettre son plan a execution, et il manoeuvra en
consequence. Dans la nuit meme il replia sa droite, formee par la
division Laharpe, en cet instant aux prises le long de la mer avec
Beaulieu, et la porta par la route de Montenotte, au-devant de
d'Argenteau. Il dirigea sur le meme point la division Augereau, pour
soutenir la division Laharpe. Enfin, il fit marcher la division Massena
par un chemin detourne, au-dela de l'Apennin, de maniere a la placer sur
les derrieres meme du corps de d'Argenteau. Le 23 (12 avril) au matin,
toutes ses colonnes etaient en mouvement; place lui-meme sur un tertre
eleve, il voyait Laharpe et Augereau marchant sur d'Argenteau, et
Massena qui, par un circuit, cheminait sur ses derrieres. L'infanterie
autrichienne resista avec bravoure; mais, enveloppee de tout cote par
des forces superieures, elle fut mise en deroute, et laissa deux mille
prisonniers et plusieurs centaines de morts. Elle s'enfuit en desordre
sur Dego, ou etait le reste de l'armee.
Ainsi Bonaparte, auquel Beaulieu supposait l'intention de filer le long
de la mer sur Genes, s'etait derobe tout a coup, et, se portant sur la
route qui traverse l'Apennin, avait enfonce le centre ennemi, et avait
debouche victorieusement au-dela des monts.
Ce n'etait rien a ses yeux que d'avoir accable le centre, si les
Autrichiens n'etaient a jamais separes de
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