s bons amis; que j'en sois au moins recompensee
par votre presence. Je ne puis promettre a Marie qu'elle sera contente
de mon domicile et de mon rustre entourage; mais elle sera contente de
mon zele, de mon assiduite et du devouement absolu de moi et de tous les
miens.
Venez donc bientot, _Fellows!_ Les _Piffoels_ comptent sur vous.
Moi, je suis un peu spleenetique. Je ne sais pas trop pourquoi. C'est
peut-etre parce que je n'ai pas d'argent. Adieu, mes enfants. Si vous ne
venez pas tout de suite a Paris, ecrivez-moi chez Didier, rue du Regard,
6. J'y serai du 20 au 25.
Aimez-vous un peu le solitaire marchand de cochons? Il vous aime de
toute son ame et vous _bige_ mille fois.
[1] Sobriquet que se donnait Liszt et qu'il donnait aussi a son eleve,
Hermann Cohen.
CLVIII
A M. DUDEVAN, A PARIS
Paris, novembre 1836.
L'etat de Maurice me tourmente beaucoup. Je ne le lui dis pas, mais je
crains qu'il n'ait une maladie de langueur. Il ne dort que d'un sommeil
leger et entrecoupe de reves. Ce n'est pas la le sommeil de son age. Il
ne souffre pas; mais les deux medecins qui le voient, celui du college
et celui qui vient ici tous les jours, comme ami, lui trouvent les memes
symptomes d'excitation nerveuse et d'agitation au coeur.
Je ne sais comment faire pour partir. J'ai besoin d'etre a Nohant; mais,
des que je parle de mon depart, il fond en larmes et la fievre le prend.
Je l'ai tant raisonne, qu'il se soumet a tout ce que j'exige. Il ne
dit rien; mais il est malade. Venez a mon secours, je vous en supplie.
Parlez-lui avec tendresse et douceur. Cet enfant cherit egalement ses
parents; mais il est faible de corps et de caractere. La severite le
brise et le consterne.
Les medecins recommandent de lui epargner la contrariete, cela devient
bien embarrassant. Comment elever un enfant sans le contrarier? Ils
disent que c'est une fievre de croissance, mais qu'une maladie plus
grave peut se developper, si l'on irrite cette fievre. En effet, je lui
trouve, la nuit, le coeur plus agite encore que lorsque ces messieurs
l'examinent. Je tremble qu'il ne soit attaque de la maladie dont j'ai
souffert toute ma vie et dont je souffre toujours. Si j'etais au moins
assuree qu'il eut une aussi bonne constitution, que moi! Mais il n'en
est pas ainsi. Le chagrin lui est contraire.
Je vous assure qu'on a fait une grande faute, je dirai meme un grand
crime, en informant cet enfant d
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