ures coloriees des costumes de Mercuri, et me dire quel etait
a Venise le costume des artistes du temps de Titien, et de Tintoret?
Presque tous les portraits que j'ai vus de cette epoque sont tout en
noir. Vous avez un costume _dei compagni della calza_, et, je crois,
celui d'une autre compagnie, que vous seriez bien gentil de me decrire
sans vous donner d'autre peine que celle de dire: _maniche rosse,
bianche_, etc., _calze gialle, lunghe_, etc.
Le texte joint aux numeros de costumes de ces compagnies me serait aussi
fort utile. Vous pourriez me le faire copier par Benjamin; car je ne
voudrais pas vous faire perdre votre temps a de pareilles _puerilites_,
comme dit Arnal.
Je fais sur cette epoque un petit conte, _les Maitres mosaistes,_ qui
vous plaira, j'espere, non pas qu'il vaille mieux que le reste, mais
parce qu'il est dans nos idees et dans nos gouts, a nous _artistes_.
Non, cher ami, personne aujourd'hui ne meprise les artistes. Tout le
monde les envie au contraire, et l'artiste ne doit jamais croire qu'on
ait seulement la pensee d'une pareille extravagance. Il est vrai que
bien des artistes soutiennent mal la dignite de leur rang; mais il en
est qui rehabilitent la profession, et, aux yeux de tous; comme aux
miens, vous etes des premiers parmi ceux dont on se glorifie d'etre de
la famille.
Venez nous voir. Vous n'avez ici que des amis, et, si je suis _de droit_
le plus ancien et le plus devoue, vous n'aurez pas a vous plaindre des
autres. Je vous attends et vous desire vivement. Maurice, docile a vos
avis, s'est mis a copier un peu. Il faut lui en savoir d'autant plus
de gre, qu'il y a plus de repugnance. Vous l'encouragerez et vous lui
donnerez quelques bons conseils. Toute mon ambition serait de lui voir
embrasser cette profession; mais je crains que la vie de la campagne ne
soit guere favorable a son developpement. D'un autre cote, cette vie est
necessaire a sa sante et a mon repos.
Solange vous embrasse, et sera joliment fiere d'etre _portraitee_ par
vous.
Adieu, _carissimo_. Tout a vous de coeur.
G. S.
CLXXIII
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Nohant, 9 juillet 1837.
Chere mere,
Quel bonheur pour moi de vous savoir moins souffrante et tout a fait en
voie de guerison! Mon oncle m'avait beaucoup exagere votre maladie. Je
ne lui en veux pas, parce que ses craintes partaient de son affection
pour vous; mais j'ai bien souffert. Si je n'avais recu,
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