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lieues a cheval, Solange trottant comme un demon, narguant la pluie et riant de tout son coeur, au bord des precipices epouvantables qui bordent la route. Nature d'aigle! Le quatrieme jour, nous etions de retour a Nerac, ou nous avons encore passe un jour. Puis nous sommes revenues tout d'un trait a Nohant, ou je ne te trouve pas! Est-ce que tu ne reviens pas bientot? Et ma chere Agasta, ou est-elle? Guerit-elle? Se plait-elle a la Rochelle? En ce cas, qu'elle y reste encore et que son plaisir, son bien-etre, sa sante passent avant tout. Mais, si elle a envie de revenir, j'en ai parbleu bien plus envie qu'elle. Je ne comprends pas Nohant sans Duteil et sans Agasta. C'est la Thebaide, c'est la Tartarie, c'est la mort. Toutes mes affaires sont en desarroi et mon cerveau en debacle. Si tu avais ete ici, Boutarin! on ne m'aurait pas enleve ma fille. Entre nous soit dit, Marie-Louise et Papet ont seuls montre de l'energie, et on les a paralyses en les traitant de fous! Cela m'a porte un grand coup de couteau en travers du coeur. La societe! toujours et partout la societe! Mon vieux, c'est comme ca. Il n'y a que les vagabonds comme nous qui echappent a la gelee. Maintenant, j'attends Maurice, que j'ai laisse a Paris chez des amis surs, et qui arrivera ici demain. Il ne veut pas me quitter. Sa sante est toujours chancelante. Toutes ces agitations font beaucoup de mal a mon pauvre enfant. Je me ferai couper par morceaux plutot que de le lacher. Mais tout cela m'a laisse un malaise et une inquietude vraiment maladive. Je ne dors pas. A tout instant, je me reveille en sursaut, croyant entendre mes enfants crier apres moi. Ce n'est pas vivre. Je donnerais je ne sais quoi pour que tu fusses la. Il me semble que je serais rassuree. Mais ne cede pas a cette faiblesse Ne reviens qu'autant que cela etait dans tes vues. Adieu, vieux Boutarin. Adieu, chere et trois fois chere Agasta. Je vous aime tous deux plus que je ne peux vous le dire. [1] Marie-Louise Rollinat, institutrice de Solange. CLXXIX A MADAME D'AGOULT, A BELLAGIO, MILAN Nohant, 16 octobre 1837. Chere princesse, Voila la cinquieme fois que je vous ecris. Il est decide que mes lettres ne vous arriveront pas. Peut-etre, a la faveur de celle de Charlotte[1], arriverai-je a vous faire _arriver_ celle-ci. Notre excellente _consulesse_ vous dit mes aventures; je ne vous parlerai donc pas de moi, qui suis tra
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