ts. Les elements de l'avenir seraient une
race de proletaires farouches, orgueilleux, prets a reprendre par la
force tous les droits de l'homme.
Mais ou est cette race? On la seduit d'un cote par une apparence de
bien-etre, de l'autre par des maximes de pretendue civilisation dont
elle sera dupe. Pauvre peuple!
Si vous voyez Vincard, dites-lui que j'espere diner avec lui, a mon
premier voyage a Paris. Il est vrai que je ne sais pas quand j'irai.
Je vous attends toujours a la mi-novembre. Mettez-moi de cote, je
vous prie, quelques exemplaires de ce portrait. Je souscris pour une
vingtaine. Envoyez-m'en un dans une lettre, que je voie ce que cela
produit sur le papier.
Dites-moi ce que devient Buloz. Est-il enfin l'epoux d'une jeune et
belle fille? La fin de son mariage m'importe beaucoup pour mes affaires.
Repondez-moi. Adieu, cher ami; rappelez-moi au bon souvenir de madame
Mathieu et de votre gentille soeur.
Tout a vous de coeur.
CLXIII
A. M. JULES JANIN
Nohant, 15 fevrier 1837.
Vous etes, bien aimable de m'avoir repondu si vite et si
consciencieusement, mon cher camarade. Je vous remercie de votre
excellente disposition pour Calamatta. J'avais envoye mon mauvais
feuilleton au _Monde_[1] lorsque j'ai recu votre lettre, et je ne puis
ni le reprendre, ni en recommencer un; car je suis stupide a ce genre de
travail.
Je suis totalement incapable de travailler dans les _Debats_. Je ne vous
parle pas des opinions, qui sont choses sacrees, meme chez une femme;
mais seulement de la maniere d'envisager la question litteraire.
Songez que je n'ai pas l'ombre d'esprit, que je suis lourde, prolixe,
emphatique, et que je n'ai aucune des conditions du journalisme. Ce que
je fais maintenant au _Monde_ n'irait point aux _Debats_, et, quant aux
idees, n'y serait peut-etre point admis.
Comment, mon ami, arriver dans un journal ou vous ecrivez et se risquer
sur un terrain ou vous regnez incontestablement? Je n'irai jamais me
poser en rival de qui que ce soit. J'ai trop d'indolence pour cela, et
me poser en concurrence d'un souverain me convient encore moins. Je ne
me sens pas de force a lutter contre une gloire etablie. Qui sait si
cette gloire que je salue avec tant de plaisir et d'affection, ne me
deviendrait pas amere du moment qu'elle m'ecraserait!
Ma foi, non! je suis bien plus heureuse comme cela. Laissez-moi mon
petit coin. D'ailleurs, je vous declare, sur l'honneur, q
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