t.
GEORGE.
[1] Directeur general des postes.
CLXXXIV
A MADAME MARLIANI, A PARIS
Perpignan, novembre 1838.
Chere bonne,
Je quitte la France dans deux heures. Je vous ecris du bord de la mer la
plus bleue, la plus pure, la plus unie; on dirait d'une mer de Grece, ou
d'un lac de Suisse par le plus beau jour. Nous nous portons bien _tous_.
Chopin est arrive hier soir a Perpignan, frais comme une rose, et rose
comme un navet; bien portant d'ailleurs, ayant supporte heroiquement ses
quatre nuits de malle-poste. Quant a nous, nous avons voyage lentement,
paisiblement, et entoures, a toutes les stations, de nos amis, qui nous
ont combles de soins.
M. Ferraris, sur la recommandation de Manoel[1], a ete tres aimable
pour moi, et m'a paru etre un excellent homme, absolument dans la meme
position que Manoel. Repousse a Venise et a Trieste par le gouvernement
autrichien, il attend sa destitution philosophiquement; car, a
Perpignan, il s'ennuie a avaler sa langue. Il a garde un tres doux
souvenir a votre mari, et a appris de moi avec joie qu'il est heureux
dans son menage et amoureux de sa femme.
Vous avez du recevoir de mes nouvelles de Nimes et un panier de raisins.
Je n'ai rien recu de vous, et je serais inquiete si je n'avais de vos
nouvelles par Chopin.
Notre navigation s'annonce _sous les plus heureux auspices,_ comme on
dit: le ciel est superbe, nous avons chaud, et nous voudrions, pour etre
tout a fait contents de notre voyage, que vous fussiez avec nous.
Adieu, chere; mille tendresses a Marliani, poignees de main bien
affectueuses a Enrico.
Rappelez-moi a tous nos bons amis et donnez-leur de mes nouvelles. Je
passerai huit jours a Barcelone. Dites a Valdemosa que je voyage avec
son ami, qui est un charmant garcon.
Adieu, chere amie; adieu. Aimez-moi comme je vous aime, du fond de
l'ame, et notre cher Manoel aussi.
GEORGE.
Ecrivez-moi, sous le couvert de _senor Francisco Riotord, junto a
San-Francisco, En Palma de Mallorca_.
[1] M. Marliani.
CLXXXV
A LA MEME
Palma de Mallorca, 14 novembre 1838.
Chere amie,
Je vous ecris en courant; je quitte la ville et vais m'installer a la
campagne: j'ai une jolie maison meublee, avec jardin et site magnifique,
pour cinquante francs par mois. De plus, j'ai, a deux lieues de la, une
cellule, c'est-a-dire trois pieces et un jardin plein d'oranges et de
citrons,
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