eboulement ou des cerisiers sauvages avaient acquis un developpement
magnifique. Ce cote ne manquait pas de poesie. M. Bricolin montra a
Marcelle la chambre que son mari avait coutume d'habiter en passant. Il
y avait un reste d'ameublement du temps de Louis XVI, tres-malpropre
et tres-fane. Cependant cette piece etait habitable, et madame de
Blanchemont resolut d'y passer la nuit.
--Cela contrariera un peu ma femme, qui tenait a honneur de vous
recevoir dans ses meubles, dit M. Bricolin; mais je ne connais rien de
plus mal a propos que de tourmenter les personnes. Si le vieux chateau
vous plait, il ne faut pas disputer des gouts, comme on dit, et j y
ferai transporter vos effets. On mettra un lit de sangle dans ce cabinet
pour votre _fille de chambre_. En attendant, je vais vous parler
serieusement de vos affaires, madame de Blanchemont: c'est le plus
presse.
Et, tirant un fauteuil, Bricolin s'y installa et commenca ainsi:
--D'abord, permettez-moi de vous demander si vous avez par devers vous
une autre fortune que la terre de Blanchemont? je ne crois pas, si je
suis bien informe.
--Je n'ai a moi rien autre chose, repondit Marcelle avec tranquillite.
--Et pensez-vous que votre fils ait a heriter d'une grosse fortune du
chef de son pere?
--Je n'en sais rien. Si les proprietes de M. de Blanchemont sont aussi
grevees que la mienne....
--Ah! vous n'en savez rien? Vous ne vous occupez donc pas de vos
affaires? c'est drole! Mais tous les nobles sont comme cela. Moi,
je suis oblige de connaitre votre position. C'est mon metier et mon
interet. Or donc, voyant que feu M. le baron allait grand train, et ne
prevoyant pas qu'il mourrait si jeune, j'ai du m'assurer des breches
qu'il pouvait avoir faites a sa fortune, afin d'etre en garde contre des
emprunts qui auraient pu exceder un jour la valeur des terres d'ici, et
me laisser sans garantie. J'ai donc fait courir et fureter les gens
du metier, et je sais, a un sou pres, ce qui reste, _au jour
d'aujourd'hui_, a votre petit bonhomme.
--Faites-moi donc le plaisir de me l'apprendre, monsieur Bricolin.
--C'est facile, et vous pourrez le verifier. Si je me trompe de dix
mille francs, c'est tout le bout du monde. Votre mari avait environ un
million de fortune, il reste cela au soleil, sauf qu'il y a neuf cent
quatre-vingt ou quatre-vingt-dix mille francs de dettes a payer.
--Ainsi, mon fils n'a plus rien? dit Marcelle troublee de cette
revelation nouvelle.
--Comm
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