rable, au voisinage des bois et des
collines les plus sainement exposes), une moitie de maison, la premiere
que je pus trouver, la seule dans, ce moment-la. Ces habitations sont
fort recherchees par les gens de Paris qui s'y etablissent, meme des
personnes riches, plus que modestement, pour quelque temps de la belle
saison. Mes parents et mes amis vinrent m'y voir assez souvent d'abord,
puis de moins en moins, comme il arrive toujours quand la personne
qu'on visite aime sa retraite et n'y attire, ni par le luxe, ni par la
coquetterie. Vers la fin de la premiere saison, il se passait souvent
quinze jours sans que je visse venir personne de Paris. Je ne m'etais
liee avec aucune des notabilites de l'endroit. Edouard se portait mieux,
j'etais calme et satisfaite; je lisais beaucoup, je me promenais dans
les bois, seule avec lui, une paysanne pour conduire son ane, un livre,
et un gros chien, gardien tres-jaloux de nos personnes. Cette vie me
plaisait extremement. M. de Blanchemont etait enchante de n'avoir pas a
s'occuper de moi. Il ne venait jamais me voir. Il envoyait de temps en
temps un domestique pour savoir des nouvelles de son fils et s'enquerir
de mes besoins d'argent qui etaient fort modestes, heureusement pour
moi: il n'eut pu les satisfaire.
--Voyez! s'ecria Rose, il nous disait ici que c'etait pour vous qu'il
mangeait ses revenus et les votres; qu'il vous fallait des chevaux, des
voitures, tandis que vous alliez peut-etre a pied dans les bois pour
economiser le loyer d'un ane!
Vous l'avez devine, chere Rose. Lorsque je demandais quelque argent a
mon mari, il me faisait de si longues et de si etranges histoires sur la
penurie de ses fermiers, sur la gelee de l'hiver, sur la grele de l'ete,
qui les avait ruines, que, pour ne plus entendre tous ces details, et,
la plupart du temps, dupe de sa genereuse commiseration pour vous, je
l'approuvais et m'abstenais de reclamer la jouissance de mes revenus.
"La vieille maison que j'habitais etait propre, mais presque pauvre,
et je n'y attirais l'attention de personne. Elle se composait de deux
etages. J'occupais le premier. Au rez-de-chaussee habitaient deux jeunes
gens, dont l'un etait malade. Un petit jardin tres-ombrage et entoure
de grands murs, ou Edouard jouait sous mes yeux avec sa bonne, lorsque
j'etais assise a ma fenetre, etait commun aux deux locataires, M. Henri
Lemor et moi.
Henri avait vingt-deux ans. Son frere n'en avait que quinze. Le pauvre
enfant e
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