a de les
tourmenter?
--Et je ne m'y resoudrai jamais. Ainsi, monsieur Bricolin, selon vous,
je ne puis ni vendre ni conserver?
--Si vous voulez etre raisonnable, ne pas vendre cher et palper du
comptant, vous pouvez vendre a quelqu'un que je connais.
--A qui donc?
--A moi.
--A vous, monsieur Bricolin?
--A moi, Nicolas-Etienne Bricolin.
--En effet, dit Marcelle, qui se rappela en cet instant quelques paroles
echappees au meunier d'Angibault; j'ai entendu parler de cela. Et
quelles sont vos propositions?
--Je m'arrange avec vos creanciers hypothecaires, je demembre la terre,
je vends a ceux-ci, j'achete a ceux-la, je garde ce qui est a ma
convenance et je vous paie le reste.
--Et les creanciers, vous les payez comptant aussi? Vous etes enormement
riche, monsieur Bricolin?
--Non, je les fais attendre, et, d'une maniere ou de l'autre, je vous en
debarrasse.
--Je croyais qu'ils voulaient tous etre rembourses immediatement; vous
me l'aviez dit?
--Ils seraient exigeants avec vous; ils me feront credit, a moi.
--C'est juste. Je passe pour insolvable peut-etre?
--Possible! _au jour d'aujourd'hui_, on est tres-mefiant. Voyons, madame
de Blanchemont! vous me devez cent mille francs, je vous en donne deux
cent cinquante mille, et nous sommes quittes.
--C'est-a-dire que vous voulez payer deux cent cinquante mille francs ce
qui en vaut trois cent mille?
--C'est un petit _boni_ qu'il est juste que vous m'accordiez; je paie
comptant. Vous direz que c'est mon avantage de ne pas servir d'interets
ayant l'argent. C'est votre avantage aussi de palper votre fortune, dont
vous n'aurez plus ni sou ni maille si vous tardez.
--Ainsi, vous voulez profiter des embarras de ma position pour reduire
d'un sixieme le peu qui me reste?
--C'est mon droit, et tout autre que moi exigerait davantage. Soyez sure
que je prends vos interets autant que possible. Allons, mon premier mot
sera le dernier. Vous y penserez.
--Oui, monsieur Bricolin, il me semble qu'il faut y penser.
--Diable! je le crois bien! Il faut d'abord vous assurer que je ne vous
trompe pas, et que je ne me trompe pas moi-meme sur votre situation et
sur la valeur de vos biens. Vous voila ici; vous vous renseignerez, vous
verrez tout par vous-meme, vous pourrez meme aller visiter les terres
de votre mari du cote du Blanc, et quand vous serez au courant, dans un
mois environ, vous me direz votre reponse. Seulement, vous pouvez bien
resumer mes of
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