is pas ce que tu apprends avec
Boucoiran. Adieu; je t'embrasse de tout mon coeur.
LXXXV
AU MEME
Paris, 17 mai 1832.
Mon cher petit,
J'ai recu tes deux lettres. Je t'en ai envoye une grosse pleine de
dessins. T'amuses-tu a les copier? Que fais-tu le soir? Travailles-tu
dans ton cabinet, ou cours-tu dans le jardin avec Leontine?
Valsez-vous toujours? Dis-moi donc comment tu passes tes journees.
Raconte-moi depuis le matin jusqu'au soir.
Ta petite soeur se porte bien; elle commence a s'accoutumer a Paris et
a devenir mechante. Jusqu'a present, elle etait si etonnee de tout ce
qu'elle voyait, qu'elle ne pensait pas a avoir des caprices. A
present, elle en a pas mal; mais je ne lui cede pas, et elle redevient
gentille. Des enfants, qui demeurent sur le meme balcon que nous,
quand ils l'entendent pleurer, se moquent d'elle en la contrefaisant.
Cela la vexe cruellement; elle renfonce tout de suite ses larmes et
n'ose plus rien dire.
Il y a bien longtemps que nous n'avons ete a la campagne; il pleut
tous les jours et il fait si froid, que nous avons toujours du feu.
J'ai deux petits serins verts dans une cage. Ils ont fait des oeufs
qui sont eclos de ce matin. Si tu voyais comme cela amuse Solange!
Elle n'y concoit rien et voudrait les mettre dans sa poche. Ils sont
si petits, si secs, si maigres, si peles, si laids, qu'ils creveraient
si l'on soufflait dessus.
Nous avons aussi un beau jardin sur notre balcon: des roses, des
jasmins, du lilas, des giroflees, des orangers, un geranium, du reseda
et meme un cassis tout couvert de fruits verts. Si tu venais me voir
cet ete, je te les ferais croquer; mais tu en auras de meilleurs a
Nohant. Solange s'amuse a mettre de la terre dans des pots, elle y
seme des graines; a peine sont-elles levees, qu'elle les arrache.
Adieu, mon gros mignon. Ecris-moi souvent, parle-moi de tout ce qui
t'amuse, pense souvent a ta vieille mere qui t'aime.
LXXXVI
A M. CHARLES DUVERNET, A LA CHATRE
Paris, 6 juillet 1832.
Vous vous mariez, mon bon camarade!
Le bien et le mal n'existant pas _par eux-memes_, le bonheur comme le
malheur etant dans l'idee qu'on s'en fait, vous vous croyez content;
donc, vous l'etes. Je n'ai qu'a me rejouir avec vous de l'evenement
qui vous rejouit et du choix que vous avez fait. Je ne connais pas
votre fiancee; mais j'ai entendu dire d'elle beaucoup de bien a tout
le mond
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