mable
et plus caressant. Je suis aussi tres contente de ses progres et de sa
douceur au travail. Enfin je suis, jusqu'ici, une heureuse mere.
J'ai trouve Polyte un peu malade; sa femme, toujours la meme, bonne et
indolente; mon mari, criant fort et mangeant bien; le precepteur avec
des moustaches qui lui vont comme de la dentelle a un herisson;
Leontine, ayant fait aussi des progres et toujours tres douce. Voila!
Et vous, ma chere maman, que faites vous par ce beau temps qui donnait
deja a Paris un air de fete? Promenez-vous Caroline, en attendant que
la pauvre enfant, aille retrouver son triste Charleville? Mais elle y
retrouvera son Oscar, et, aupres de ses enfants, on ne peut pas
s'ennuyer.
Pierret est-il toujours amoureux de son beau fusil qui lui sert de
bijou sur sa cheminee, et furieux contre les republicains? Dites-lui
qu'a la premiere revolution, les femmes repousseront les gardes
nationaux avec des pots de chambre.
Ici, l'on est fort tranquille en masse et l'on ne se dispute qu'en
famille. Ne pouvant faire d'emeutes, on fait des cancans; ce qui
m'ennuie tellement, que je vais m'enfermer dans mon cabinet avec mes
deux mioches pour ne pas entendre parler de haines, d'elections,
d'intrigues, de propos, de vengeances, etc., etc. Pouah!
La peste des petites villes, c'est le commerage. Les hommes s'en
melent au moins autant que les femmes quand il s'agit d'interets
politiques. A Paris, on rit de tout; ici, on prend tout au serieux. Il
y a de quoi crever d'ennui; car, apres tout, la vie n'est pas faite
pour se facher d'un bout a l'autre. J'aime mieux laisser les hommes
comme ils sont que de me donner la peine de les precher.
N'est-ce pas votre avis, chere mere, a vous qui avez l'esprit si jeune
et le caractere si gai? Je voudrais que Maurice fut d'age a entrer au
college; alors je passerais, pres de vous et pres de lui, une partie
de ma vie a Paris. J'aime la liberte dont on y jouit et l'insouciance
qui fait le fond du caractere de ses habitants.
Tout le monde ici se joint a moi pour vous embrasser mille fois.
Rendez-le-moi en particulier un peu plus qu'aux autres.
Bonsoir, ma chere petite maman.
LXV
A M. CHARLES DUVERNET. A LA CHATRE
Nohant, avril 1831.
Je viens vous faire mon compliment, cher camarade. Vous jouez tres
bien la comedie et je n'ai pas eu besoin de l'indulgence de l'amitie
pour vous applaudir. J'eusse voulu avoir les pattes du Gaulois pou
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