rier est un drole!
Bonsoir, mon bon petit avocat. Je vous donne ma tres sainte
benediction.
[1] Charles Rollinat, frere de Francois
LXXXI
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Nohant. 22 fevrier 1832.
Ma chere maman,
Mes enfants ont ete bien vite debarrasses de leur rhume; Maurice est
plus fou et Solange plus rose que jamais. J'espere vous la conduire ce
printemps. Elle est assez raisonnable pour faire un tour a Paris avec
moi; vous verrez qu'elle est bien gentille et bien caressante; mais
vous serez effrayee de sa grosseur, je voudrais bien la voir s'effiler
un peu.
Maurice travaille comme un homme. Il devient studieux et grave comme
son precepteur; mais, a la recreation, il s'en venge bien. Leontine et
lui, font le diable. Le dimanche, tout le monde joue, grands et
petits. Il vient des amis de Maurice, de la Chatre, et je joue a
colin-maillard, au furet, au volant, aux barres, jusqu'a ce que je ne
puisse plus tenir sur mes jambes. Polyte aussi se met de la partie; il
fait tres agreablement la cabriole. Il danse comme Taglioni et il
tombe comme un sac; ce qui fait beaucoup rire Solange. Elle l'appelle
son _farceur de noncle_. Si Oscar etait la, il s'amuserait bien aussi.
Je suis fort aise que mon livre vous amuse[1]. Je me rends de tout mon
coeur a vos critiques. Si vous trouvez la soeur Olympe trop troupiere,
c'est sa faute plus que la mienne. Je l'ai beaucoup connue et je vous
assure que, malgre ses jurons, c'etait la meilleure et la plus digne
des femmes. Au reste, je ne pretends pas avoir bien fait de la prendre
pour modele dans le caractere de ce personnage. Tout ce qui est verite
n'est pas bon a dire; il peut y avoir mauvais gout dans le choix. En
somme, je vous ai dit que je n'avais pas fait cet ouvrage seule. Il y
a beaucoup de farces que je desapprouve: je ne les ai tolerees que
pour satisfaire mon editeur, qui voulait quelque chose d'un peu
_egrillard_. Vous pouvez repondre cela pour me justifier aux yeux de
Caroline, si la verdeur des mots la scandalise. Je n'aime pas non plus
les polissonneries. Pas une seule ne se trouve dans le livre que
j'ecris maintenant et auquel je ne m'adjoindrai de mes collaborateurs
que le nom; le mien n'etant pas destine a entrer jamais dans le
commerce du bel esprit.
Je ne m'occupe pas exclusivement de ce travail. A present, je puis en
prendre a mon aise, sans me tourmenter l'esprit. Si quelquefois je
travaille avec passio
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