hatre. Il doit etre arrive depuis longtemps.
Quand tu n'auras plus d'images a peindre, tu me l'ecriras, afin que je
t'en achete d'autres. Dis-moi si tu as envie de quelque chose que je
puisse t'envoyer. Boucoiran me dit qu'il va te faire commencer
l'histoire. Tu me diras si cela t'amuse. Quand j'etais petite, cela
m'amusait beaucoup. Je suis bien contente que Sylvain Meillant[2] soit
retabli; tu iras le voir et le lui diras de ma part.
As-tu couvert ta maison dans la cour? J'en ai bien fait comme toi,
dans la meme cour, avec des briques et des ardoises. Je me souviens
qu'une fois, en ouvrant la porte de ma maison, laquelle porte etait
une petite planche, j'ai trouve _quelqu'un_ dedans. Ce quelqu'un
etait, devine quoi? Une belle petite souris qui s'etait emparee de ma
maison et s'y trouvait bien logee. Je l'ai laissee dedans, mais je ne
sais plus ce qu'elle est devenue. Et ton jardin, y travailles-tu
toujours? Il fait bien mauvais maintenant pour jouer dehors. Prends
garde de t'enrhumer. Il fait un temps affreux ici. On est dans la
crotte jusqu'aux genoux. La Seine est jaune comme du cafe au lait. Je
ne sors que pour mes affaires d'obligation.
Adieu, mon cher petit mignon; j'enverrai des bas a ta grosse mignonne.
Et toi, en as-tu assez pour ton hiver? Je vous embrasse tous les deux.
Porte-toi bien et ecris-moi souvent.
Ta mere
[1] Proprietaire a la Chatre.
[2] Fermier de Nohant.
LXXVIII
AU MEME
Paris, novembre 1831.
Ta lettre est bien gentille, mon cher petit; elle est fort bien
ecrite. Ne reste pas trop dehors par ce vilain froid, tu vois bien que
tu t'es enrhume. Quand tu es dans le jardin, cours, saute, ne reste
pas a la meme place. C'est comme cela que tu attrapes toujours du mal.
Ta pie peut bien rester dans ton jardin, elle n'a pas peur du froid,
ses plumes lui valent mieux que tes habits et tes pantalons. Nos
petits bengalis sont plus delicats, ils viennent d'un climat chaud.
Dis a Eugenie[1] d'en avoir bien soin.
J'ai ete hier au Jardin des Plantes, j'aurais bien voulu pouvoir
emporter pour toi une petite gazelle fauve avec des raies blanches et
de grands yeux noirs. Elle mange dans la main, tu serais bien content
d'en avoir une pareille; mais il faudrait la garder au coin du feu.
Elles viennent de l'Afrique, et le moindre froid les tue. Au reste, tu
les as vues; mais tu ne t'en souviens peut-etre plus.
Je serais si contente de t'avoir ici quinze
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