nt beaucoup plus de mal que le mal
meme. Elles donnent surtout mal a la tete et augmentent la fievre.
Quand tu te sens malade, il faut le dire sans te desesperer. On fera
pour toi tout ce qu'il faudra pour te soulager. Enfin, je l'espere a
present, tu es bien tout a fait et tu ne penses plus a tout cela.
Ecris-moi vite, ne fut-ce qu'un mot; je t'embrasse mille fois de toute
mon ame. Qu'est-ce qu'il faudra t'apporter de Paris?
LXXXVIII
AU MEME
Paris, 8 juillet 1832.
Mon cher petit,
Je t'ecrivais dernierement que j'etais inquiete de toi. A peine ma
lettre partie, j'ai recu la tienne. Ton dessin est gentil; Solange l'a
bien regarde, elle a reconnu la grue tout de suite. Elle apprend a
lire et sait deja tres bien tous les sons. Cela l'amuse. Si je
l'ecoutais, nous ne ferions que lire toute la journee; mais elle en
serait bientot degoutee. Je lui menage ce plaisir-la. Si elle
continue, elle saura lire bien plus jeune que toi. Tu etais encore, a
sept ans, un fameux paresseux, t'en souviens-tu? Heureusement tu as
repare le temps perdu. Travailles-tu bien? dis-moi ce que tu fais a
present: est-ce l'histoire des Grecs? Et le latin, t'amuse-t-il
toujours?
Nous avons ete a Franconi, Solange et moi. Nous etions en bas, tout a
cote des chevaux. Elle a vu les batailles, les coups de pistolet, les
chevaux qui galopaient, les deux elephants qui sont descendus sur des
planches tout a cote d'elle. Elle n'a peur de rien. Elle a touche les
betes, elle a ri au nez des acteurs! Elle s'est amusee comme une
folle. Seulement, quand le gros elephant est venu, avec une tour sur
le dos et que, la tour toute pleine de boites, de fusees et de petards
a eclate avec un bruit du diable, elle a un peu fait la grimace. Je
lui ai dit que, si tu etais la, tu n'aurais pas peur, que tu tirais
des coups de pistolet, que l'elephant n'avait pas peur. Par emulation,
elle a renfonce ses larmes et s'est enhardie jusqu'a regarder. Elle a
trouve cela tres beau. En effet, il est impossible de voir rien de
plus beau que l'elephant tout couvert de velours, de soldats, de
dorures, de feu, faisant toutes ses evolutions comme un vrai soldat.
Je t'ai bien regrette, mon petit; tu aurais ete bien etonne de voir
ces deux animaux si intelligents. Il y en a un enorme, gros quatre
fois comme celui que tu as vu au Jardin des Plantes. Au lieu d'etre
d'un gris sale comme lui, il est d'un beau noir. Celui-la s'appelle
Djeck; l
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