e et particulierement a mademoiselle Decerf, juge sain et
solide. Vous lui rendrez le bonheur que vous recevrez d'elle. Croyez,
de votre cote, que votre bonheur doublera le mien.
Je n'ai le temps de vous dire qu'un mot. Je suis en course du matin au
soir pour trouver un logement. Le soir, je rentre ereintee par la
marche, la chaleur et le pave. Je quitte avec regret ma gentille
mansarde du quai Saint-Michel; le mauvais etat de ma sante me mettant
dans l'impossibilite d'escalader plusieurs fois par jour un escalier
de cinq etages, je vais me retirer encore davantage du beau Paris et
m'enfoncer dans le faubourg.
J'ai ete hier voir Henri de Latouche a Aulnay. Il ne quitte presque
plus la campagne. Son ermitage est la plus delicieuse chose que je
connaisse. Je ne sais s'il y travaille. Moi, je ne fais rien et ne me
remettrai a l'ouvrage qu'a Nohant. Le succes d'_Indiana_ m'epouvante
beaucoup. Jusqu'ici, je croyais travailler sans consequence et ne
meriter jamais aucune attention. La fatalite en a ordonne autrement.
Il faut justifier les admirations non meritees dont je suis l'objet.
Cela me degoute singulierement de mon etat. Il me semble que je
n'aurai plus de plaisir a ecrire.
Adieu, mon vieux camarade; je vous ecrirai une autre fois.
Aujourd'hui, je vous felicite seulement et je vous embrasse avec
amitie.
LXXXVII
A MAURICE DUDEVANT. A NOHANT
Paris, 7 juillet 1832.
Mon pauvre petit,
Tu as donc encore ete malade? Comment vas-tu maintenant? Il me tarde
bien de recevoir une lettre de toi; ton papa m'ecrit que tu t'ennuyes
de ne pas me voir. Et moi aussi, va, mon enfant! Prends un peu de
patience, mon cher petit. Bientot je serai pres de toi, sois-en bien
sur.
Tu verras ta Solange bien grandie, bien bavarde, disant toute sorte de
betises qui te feront rire. Si tu es encore malade, je te soignerai,
je resterai la nuit aupres de ton lit, et je t'empecherai de penser a
ton mal: Boucoiran dit que tu n'as pas de courage. Il faut tacher d'en
avoir un peu, mon cher enfant. On souffre bien souvent quand on est
grand; il y a des personnes qui souffrent presque toujours. Tu sais
bien que je suis ainsi. Si je pleurais tout le temps, je serais
insupportable. Essaye donc de te faire une raison, quand tu souffres.
Je sais que tu es bien jeune pour cela; mais tu as assez de bon sens
pour comprendre tout ce que je te dis. Si je te recommande d'etre
courageux, c'est que les larmes fo
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