scadres de Tarente arretees au defile et toute la cote
italienne d'Otrante a Venise tenue sous la menace d'une flotte
etrangere, cachee a six heures de mer; il est vrai que si Vallona
tombait au pouvoir du royaume, les flottes autrichiennes seraient
embouteillees dans l'Adriatique, car, a la quitter, elles risqueraient
d'etre prises au detroit entre les attaques de Vallona et celles de
Tarente.
Vallona constitue donc une position strategique de premier ordre dans
l'Adriatique; l'Italie ne saurait consentir a ce que ce port tombe sous
la domination d'une grande puissance sans sentir un peril perpetuel sur
ses rives; l'interet vital du royaume lui commande d'en interdire la
possession a l'Autriche. Mais cette derniere a un interet a peine
moindre a eloigner l'Italie de ce port pour assurer l'ouverture et la
liberte du passage du canal d'Otrante a ses flottes.
Des lors, et malgre toutes les belles paroles, l'Italie et l'Autriche
s'entendront toujours fort bien aussi longtemps qu'il ne s'agira que
d'eloigner un tiers de Vallona et de l'Albanie, de pratiquer la
politique de l'abstention, de s'assurer contre une non-intervention
reciproque; mais elles ne sauraient s'entendre pour un partage de
l'Albanie sans renoncer l'une ou l'autre a l'une des regles directrices
de sa diplomatie; aussi, quand l'Autriche au cours de la crise
balkanique forma le projet d'envoyer un corps d'occupation a Scutari, il
a suffi d'une proposition italienne pour l'arreter, et cette proposition
etait: l'adhesion de l'Italie, sous condition d'operer de meme a
Vallona. En resume, l'Italie ne saurait consentir a l'installation de
l'Autriche a Vallona sans trahir ses interets essentiels; l'Autriche ne
saurait consentir a la prise de possession de ce port par l'Italie sans
livrer a la merci de cette derniere sa politique et ses forces
maritimes; ce serait une lourde faute de la diplomatie du _Ballplatz_ et
une atteinte au prestige de la monarchie dualiste.
Des la constitution du royaume, les dirigeants de la _Consulta_ ont
tres clairement vu ces verites et ont eu des lors comme principale
preoccupation d'empecher la possibilite d'une mainmise par l'Autriche
sur ces regions, mainmise que preparait un travail de penetration
concertee. La Triple-Alliance fut conclue autant pour interdire une
extension autrichienne en Albanie que pour se premunir contre une
attaque en Venetie. Rome avait besoin de cette double assurance et par
suite de cette alliance, au
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