tachement de cipayes me quitta pour passer a l'ennemi. Je
detachai aussitot une centaine d'Europeens et un bataillon de cipayes
pour me les ramener. Ce detachement les rejoignit dans la nuit, les
trouva endormis, les fit prisonniers et les ramena a Chippera, ou
j'etais pret a les recevoir. A l'instant j'ordonnai aux officiers
de me choisir cinquante hommes des plus mutins et de ceux qu'ils
croyaient avoir engage le bataillon a deserter. Quand ils me les
eurent presentes, je leur ordonnai de me choisir vingt-quatre hommes
des plus mauvais sujets sur ces cinquante, et, sur-le-champ, je fis
tenir un conseil de guerre par leurs officiers noirs et leur enjoignis
de m'apporter sur l'heure meme leur sentence. Ce conseil de guerre les
reconnut coupables de mutinerie et de desertion, les condamna a mort
et me laissa le maitre de decider du genre de supplice.
"J'ordonnai aussitot que quatre des vingt-quatre hommes fussent
attaches a des canons, et aux officiers d'artillerie de se preparer
a les faire sauter en l'air. Il se passa alors quelque chose de
remarquable: quatre grenadiers representerent que comme ils avaient
toujours eu les postes d'honneur, ils croyaient avoir le droit de
mourir les premiers. Quatre hommes du bataillon furent donc detaches
des canons et on y attacha les quatre grenadiers qui furent emportes
avec les boulets. Sur quoi les officiers europeens qui etaient alors
sur le lieu vinrent me dire que les cipayes ne voulaient pas souffrir
qu'on fit mourir de cette maniere aucun des autres coupables.
"A l'instant j'ordonnai que seize autres hommes des vingt-quatre
fussent attaches par force aux canons et sautassent en l'air comme les
premiers, ce qui fut fait. Je voulus ensuite que les quatre restants
fussent conduits a un quartier ou quelque temps auparavant il y avait
eu une desertion de cipayes, avec des ordres positifs a l'officier
commandant de ce quartier de les faire executer de la meme maniere. Ce
qui eut lieu et mit fin a la mutinerie et a la desertion."
On sait que ce mode d'execution, du a l'esprit inventif du chevalier
Munro, est encore en honneur dans l'armee anglaise de l'Inde, et qu'il
fut pratique contre les cipayes prisonniers dans la revolte de 1854.
Voir aussi le _Message du President Madison_, nov. 4, 1812, au Congres
des Etats-Unis.]
Dumas, en signalant ce depit des officiers anglais, qu'il etait bien a
meme de remarquer, puisqu'il dirigeait la colonne prisonniere, raconte
que le colone
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