colonel reduira les rebelles, leurs femmes et leurs
enfants a la mendicite et a la detresse, et il a annexe ici les noms
de ceux qui seront les premiers objets de sa vengeance." (Ramsay, I,
p. 335.)
Le 17 juin 1779, les habitants de Fairfleld, pres de New-York,
subirent encore les derniers exces de cette ferocite tant de fois
reprochee aux troupes britanniques. Leurs excursions dans la baie de
Chesapeak furent marquees par ces memes atrocites que la plume se
refuse a decrire.
Il serait trop long aussi de rappeler les honteux exploits de Butler,
d'Arnold, de Rodney. Mais il est un fait moins connu que je ne puis
passer sous silence.
Pour arreter la marche des troupes alliees devant York, lord
Cornwallis, au lieu de les attaquer en soldat, recourut a des ruses
que les Indiens seuls auraient ete capables d'employer. Il fit jeter
dans tous les puits des tetes de boeufs, des chevaux morts, et meme
des cadavres de negres. L'armee francaise souffrit a la verite de la
disette d'eau, mais elle pouvait etre inquietee d'une maniere plus
brave et plus digne. C'est du reste avec les memes armes qu'il avait
cherche auparavant a detruire la petite armee de La Fayette. Il
faisait inoculer tous les negres qui desertaient leurs plantations ou
qu'il pouvait enlever, et les forcait ensuite a retrograder et a aller
porter la contagion dans le camp americain. La vigilance de La Fayette
mit en defaut cette ruse barbare. (_Mercure de France_, decembre 1781,
p. 109.)
Il ne faudrait pas croire pourtant que ces actes de barbarie fussent
specialement reserves a l'Amerique et exerces seulement contre les
colons revoltes. Il semble qu'a cette epoque ils etaient tout a fait
dans les moeurs anglaises et que le gouvernement de la Grande-Bretagne
ne reconnaissait pas plus les lois de l'humanite que celles du droit
des gens. J'emprunte au _Mercure de France_, mai 1781, p. 174, le
recit suivant.
"Le chevalier Hector Monro a fait, devant la Chambre des communes,
en 1761, la deposition suivante. En arrivant a Calcutta, je trouvai
l'armee, tant des Europeens que des Cipayes, mutinee, desertant chez
l'ennemi et desobeissant a tout ordre. Je pris la ferme resolution
de dompter en elle cette mutinerie avant d'entreprendre de dompter
l'ennemi. En consequence, je me fis accompagner d'un detachement des
troupes du Roi et des Europeens de la Compagnie, je pris quatre pieces
d'artillerie et j'allai de Patna a Chippera. Le jour meme que j'y
arrivai un de
|