er qu'il soit tout seul. Ou est son
maitre? Va donc, Georget, par le village et a l'auberge ou s'arretent
les voyageurs: tu demanderas a qui appartient ce bourri. Son maitre est
peut-etre en peine de lui.
_Georget:_--Vais-je emmener le bourri, grand'mere?
_La grand'mere:_--Il ne te suivrait pas; laisse-le aller ou il voudra.
Georget partit en courant; je trottai apres lui. Quand il vit que je
le suivais, il vint a moi, et, me caressant, il me dit: "Dis donc, mon
petit bourri, puisque tu me suis tu me laisseras bien monter sur ton
dos". Et, sautant sur mon dos, il me fit: _Hu! hu!_
Je partis au petit galop, ce qui enchanta Georget. _Ho! ho!_ fit-il en
passant devant l'auberge. Je m'arretai tout de suite. Georget sauta a
terre; je restai devant la porte, ne bougeant pas plus que si j'avais
ete attache.
--Ou'est-ce que tu veux, mon garcon! dit le maitre de l'auberge.
--Je viens savoir, monsieur Duval, si ce bourri, qui est ici a la porte,
ne serait pas a vous ou a une de vos pratiques.
M. Duval s'avanca vers la porte, me regarda attentivement. "Non ce n'est
pas a moi, ni a personne que je connaisse, mon garcon. Va chercher plus
loin."
Georget remonta sur mon dos; je repartis au galop, et nous marchames,
demandant de porte en porte a qui j'appartenais. Personne ne me
reconnaissait, et nous revinmes chez la bonne grand'mere, qui filait
toujours assise devant sa maison.
_Georget:_--Grand'mere, le bourri n'appartient a personne du pays.
Qu'allons-nous en faire? Il ne veut pas me quitter, et il se sauve quand
quelqu'un veut le toucher.
_La grand'mere:_--En ce cas, mon Georget, il ne faut pas le laisser
passer la nuit dehors; il pourrait lui arriver malheur. Va le mener a
l'ecurie de notre pauvre Grison, et donne-lui une botte de foin et
un seau d'eau. Nous verrons demain a le mener au marche; peut-etre
retrouverons-nous son maitre.
_Georget:_--Et si nous ne le retrouvons pas, grand'mere?
_La grand'mere:_--Nous le garderons jusqu'a ce qu'on le reclame. Nous ne
pouvons pas laisser cette pauvre bete perir de froid pendant l'hiver,
ou bien tomber aux mains de mechants garnements qui la battraient et la
feraient mourir de fatigue et de misere.
Georget me donna a boire et a manger, me caressa et sortit. Je lui
entendis dire en fermant la porte:
"Ah! que je voudrais qu'il n'eut pas de maitre et qu'il restat chez
nous!"
Le lendemain Georget me mit un licou apres m'avoir fait dejeuner. Il
m'amena devan
|