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'ignore le nom. Je devais etre a plus de dix lieues de la ferme des Haies: j'etais donc sauve; personne ne me connaissait, et je pouvais me montrer sans craindre d'etre ramene chez mes anciens maitres. III LES NOUVEAUX MAITRES Je vecus tranquillement un mois dans cette foret. Je m'ennuyais bien un peu quelquefois, mais je preferais encore vivre seul que vivre malheureux. J'etais donc a moitie heureux lorsque je m'apercus que l'herbe diminuait et devenait dure; les feuilles tombaient, l'eau etait glacee, la terre etait humide. "Helas! helas! pensai-je; que devenir? Si je reste ici, je perirai de froid, de faim, de soif. Mais ou aller? Qui est-ce qui voudra de moi?" A force de reflechir, j'imaginai un moyen de trouver un abri. Je sortis de la foret, et j'allai dans un petit village tout pres de la. Je vis une petite maison isolee et bien propre; une bonne femme etait assise a la porte, elle filait. Je fus touche de son air de bonte et de tristesse; je m'approchai d'elle, et je mis ma tete sur son epaule. La bonne femme poussa un cri, se leva precipitamment de dessus sa chaise, et parut effrayee. Je ne bougeai pas; je la regardai d'un air doux et suppliant. --Pauvre bete! dit-elle enfin, tu n'as pas l'air mechant. Si tu n'appartiens a personne, je serais bien contente de t'avoir pour remplacer mon pauvre vieux Grison, mort de vieillesse. Je pourrai continuer a gagner ma vie en vendant mes legumes au marche. Mais ... tu as sans doute un maitre, ajouta-t-elle en soupirant. --A qui parlez-vous, grand'mere? dit une voix douce qui venait de l'interieur de la maison. --Je cause avec un ane qui est venu me mettre la tete sur l'epaule, et qui me regarde d'un air si doux que je n'ai pas le coeur de le chasser. --Voyons, voyons, reprit la petite voix. Et aussitot je vis sur le seuil de la porte un beau petit garcon de six a sept ans. Il etait pauvrement mais proprement vetu. Il me regarda d'un oeil curieux et un peu craintif. --Puis-je le caresser, grand'mere? dit-il. --Certainement, mon Georget; mais prends garde qu'il ne te morde. Le petit garcon allongea son bras, et, ne pouvant m'atteindre, il avanca un pied, puis l'autre, et put me caresser le dos. Je ne bougeai pas, de peur de l'effrayer; seulement je tournai ma tete vers lui, et je passai ma langue sur sa main. _Georget:_--Grand'mere, grand'mere, comme il a l'air bon, ce pauvre ane, il m'a leche la main! _La grand' mere:_--C'est singuli
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