s de Maxence...
Son pere ne la laissa pas poursuivre.
--Assez, interrompit-t-il durement. Mele-toi de tes affaires,
Gilberte. J'ai a te parler, a toi aussi...
--A moi, mon pere...
--Oui.
Il fit trois ou quatre tours de long en large dans le salon, comme
pour laisser a son irritation le temps de se calmer, puis venant se
planter debout et les bras croises devant sa fille:
--Tu as dix-huit ans, reprit-il, c'est-a-dire qu'il est temps de
songer a ton etablissement. Il se presente pour toi un parti...
Elle tressaillit, et reculant, plus rouge qu'une pivoine:
--Un parti! repeta-t-elle, d'un ton de surprise immense.
--Oui, et qui me convient...
--Mais je ne veux pas me marier, mon pere...
--Toutes les jeunes filles disent cela, et des qu'il se presente un
pretendant elles sont enchantees. Le mien est un garcon de vingt-six
ans, tres-bien de sa personne, aimable, spirituel, qui a eu de grands
succes dans le monde...
--Mon pere, je vous affirme que je ne veux pas quitter ma mere...
--Naturellement... C'est un homme intelligent, et un travailleur
obstine, promis, de l'avis de tous, a une immense fortune. Bien qu'il
soit riche deja, car il est un des principaux interesses d'une charge
d'agent de change, il fait avec l'ardeur d'un pauvre diable le metier
de remisier. On me dirait qu'il gagne cent mille ecus par an que je
n'en serais pas surpris. Sa femme aura voiture, loge a l'Opera, des
diamants et des toilettes autant que Mme de Thaller...
--Eh! que m'importent de telles choses!
--C'est entendu. Je te le presenterai samedi...
Mais Mlle Gilberte n'etait pas de ces jeunes filles qui, par timidite,
par faiblesse, se laissent engager contre leur volonte, et engager
si avant que plus tard elles ne peuvent plus reculer. Une discussion
devant avoir lieu, elle preferait la subir immediatement.
--Une presentation est absolument inutile, mon pere, declara-t-elle
resolument.
--Parce que?
--Je vous l'ai dit, je ne veux pas me marier.
--Et si je veux, moi.
--Je suis prete a vous obeir en tout, sauf en cela...
--En cela comme en tout le reste! interrompit le caissier du _Credit
mutuel_ d'une voix tonnante...
Et enveloppant sa femme et ses enfants d'un regard gros de defiances
et de menaces:
--En cela, comme en tout, repeta-t-il, parce que je suis le maitre et
que je saurai le montrer. Oui, je vous le montrerai, car je suis las
de voir ma famille liguee contre mon autorite...
Et il sor
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