ds de mon education, m'avait pousse
vers les sciences physiques.
Depuis plusieurs annees, j'avais applique tout ce que j'ai
d'intelligence et d'energie a des etudes sur l'electricite. Faire de
l'electricite un moteur incomparable remplacant la vapeur, tel etait
le but que je poursuivais sans relache. Deja, vous le savez, j'avais,
quoique bien jeune, obtenu des resultats dont le monde savant s'etait
emu. Il m'avait semble entrevoir le mot d'un probleme dont la solution
changerait la face du globe... La ruine etait l'aneantissement de mes
esperances, la perte totale du fruit de mes travaux... C'est que mes
experiences etaient couteuses, c'est qu'il fallait de l'argent, et
beaucoup, pour payer les produits qui m'etaient indispensables et
faire fabriquer les appareils que j'imaginais...
Et j'allais etre reduit a gagner mon pain de chaque jour...
J'etais bien pres du desespoir, lorsque je rencontrai un homme que
j'avais vu chez mon pere autrefois, et qui m'avait paru s'interesser
a mes recherches. C'est un speculateur, nomme Marcolet. Mais ce n'est
pas a la Bourse qu'il travaille. L'industrie est la foret de Bondy
ou il opere. Il achete les bles en herbe et engrange les moissons
d'autrui. Sans cesse a la piste des chercheurs obstines qui crevent
de faim dans leurs greniers, il leur apparait aux heures de crise
supreme. Il les plaint, il les encourage, il les console, il les aide,
et il est bien rare qu'il ne reussisse pas a devenir proprietaire de
leur decouverte. Parfois il se trompe. Alors il en est quitte pour
passer par profits et pertes quelques billets de mille francs. Mais
s'il a vu juste, c'est par centaines de mille francs que se chiffrent
les benefices. Et combien de brevets exploite-t-il ainsi! De combien
d'inventions recueille-t-il les resultats, qui sont une fortune, dont
les inventeurs n'ont pas de souliers aux pieds! Car tout lui est bon,
et c'est avec la meme avidite qu'il defend un sirop contre la toux
dont il a achete la formule a un pauvre diable de pharmacien, et
une piece de machine a vapeur dont le brevet lui a ete vendu par un
mecanicien de genie.
Et cependant Marcolet n'est pas un mechant homme. Voyant ma situation,
il me proposa, moyennant une somme de [note du transcripteur: texte
manque] par an, d'entreprendre certaines etudes de chimie industrielle
qu'il m'indiqua. J'acceptai. Des le lendemain, je louai, rue des
Tournelles, un rez-de-chaussee ou j'installai mon laboratoire, et je
me mis a
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