pposez. Je sais que depuis plus d'un mois votre patron,
excede de votre paresse, vous a chasse honteusement...
Honteusement etait de trop. Le fait est que Maxence retournant a son
travail un beau matin, apres une absence de cinq jours, avait trouve
un remplacant.
--Je chercherai une autre place, dit-il.
C'est avec un mouvement de rage que M. Favoral haussait les epaules.
--Et en attendant, il faudra que je paye, s'ecria-t-il. Savez-vous
de quoi me menacent vos creanciers? De m'intenter un proces. Ils le
perdraient: ils ne l'ignorent pas, mais ils esperent que je reculerai
devant l'esclandre. Car ce n'est pas tout: ils parlent de deposer une
plainte au parquet. Ils pretendent que vous les avez audacieusement
escroques, que les objets que vous leur achetiez n'etaient nullement
pour votre usage, que vous vous empressiez de les vendre a vil prix,
afin de vous faire de l'argent comptant. Le bijoutier a la preuve,
assure-t-il, qu'en sortant de sa boutique vous etes alle tout droit au
Mont-de-Piete engager une montre et une chaine qu'il venait de vous
livrer. C'est une affaire de police correctionnelle. Ils ont dit tout
cela devant mon directeur, devant M. de Thaller.
J'ai du recourir a mon garcon de bureau pour les mettre dehors. Mais
quand ils ont ete partis, M. de Thaller m'a donne a entendre qu'il
souhaite vivement que j'arrange tout. Et il a raison. Ma consideration
ne resisterait pas a deux scenes pareilles. Quelle confiance accorder
a un caissier dont le fils est un noceur et un faiseur de dupes!
Comment laisser la clef d'une caisse qui renferme des millions a
un homme dont le fils aurait ete traine sur les bancs de la police
correctionnelle! C'est-a-dire que je suis a votre merci. C'est-a-dire
que mon honneur, ma situation et ma fortune dependent de vous. Tant
qu'il vous plaira de faire des dettes, vous en ferez, et je serai
condamne a les payer.
Rassemblant son courage:
--Vous avez ete parfois bien dur pour moi, mon pere, commenca Maxence,
et cependant je ne veux pas essayer de justifier ma conduite. Je vous
jure que desormais vous n'avez rien a craindre de moi...
M. Favoral ricanait.
--Je ne crains rien, prononca-t-il. Je connais des moyens positifs de
me mettre a l'abri de vos folies. Je les emploierai...
--Je vous affirme, mon pere, que ma resolution est bien prise.
--Oh! dispensez-moi de vos repentirs periodiques...
Mlle Gilberte s'avanca.
--Je me porte garant, dit-elle, des resolution
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