violences et de persecutions.
Informee de la verite, Mme Favoral aurait-elle la force de resister
a ces orages de tous les jours? Un moment ne viendrait-il pas, ou,
sommee par son mari d'expliquer les refus de sa fille, menacee,
terrifiee, elle confesserait tout?...
D'un coup d'oeil, Mlle Gilberte evalua le danger, et puisant dans la
necessite une audace bien eloignee de son caractere:
--Tu te trompes, chere mere, dit-elle, je ne t'ai rien cache.
Peu convaincue, Mme Favoral hochait la tete.
--Alors, fit-elle, tu cederas.
--Jamais.
--Il est donc une raison que tu ne me dis pas...
--Aucune, sinon que je ne veux pas te quitter. As-tu pense, parfois, a
ce que serait ton existence, si je n'etais plus la?... T'es-tu demande
ce que tu deviendrais entre mon pere, dont le despotisme se fera plus
lourd avec l'age, et mon frere?...
Toujours empressee a defendre son fils:
--Maxence n'est pas mechant, interrompit-elle... Va, il saura bien me
recompenser des quelques chagrins qu'il me cause...
La jeune fille eut un geste de doute.
--Je le souhaite, chere mere, dit-elle, et de toutes les forces de mon
ame, mais je n'ose l'esperer... Son repentir, ce soir, etait grand
et sincere, mais se le rappellera-t-il demain?... Ne sais-tu pas,
d'ailleurs, que le parti de mon pere est bien pris de se separer de
Maxence?... Te vois-tu seule ici, avec mon pere!...
A cette seule perspective, Mme Favoral frissonna.
--Je ne souffrirais pas longtemps, murmura-t-elle.
Mlle Gilberte l'embrassa.
--Eh! c'est parce que je veux que tu vives pour etre heureuse,
s'ecria-t-elle, que je refuse de me marier. Ne faut-il pas que tu aies
ta part de bonheur en ce monde. Va, laisse-moi faire. Sais-tu quels
dedommagements l'avenir te reserve? D'ailleurs, ce parti que mon pere
m'a choisi ne me convient pas. Un homme de Bourse, qui ne penserait
qu'a l'argent, qui verifierait mes comptes de menage, comme papa
verifie les tiens, ou qui me chargerait de diamants et de cachemires
comme Mme de Thaller, pour servir d'enseigne a sa boutique?... Non, je
n'en veux pas! Ainsi, mere cherie, sois brave, prends bien le parti de
ta fille, et nous serons vite debarrassees de cet epouseur.
--Oh! ton pere te l'amenera, il l'a dit.
--Eh bien! s'il revient trois fois, il aura du courage...
Mais la porte du salon s'ouvrit brusquement.
--Qu'est-ce que vous complotez encore? cria la voix irritee du maitre.
Et toi, madame Favoral, pourquoi ne viens-t
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