propre fille.
"Celle-ci mourut et alors miss Warrender -- nous l'appelons ainsi,
du nom de sa mere -- repondit a une annonce inseree par mon oncle,
et c'est ainsi que nous l'avons connue.
"Maintenant, mon vieux, n'attendez pas qu'on vous donne l'ordre de
venir, venez tout de suite."
Il y avait dans la seconde lettre d'autres passages qui
m'interdisent de la reproduire integralement.
Il etait impossible de tenir bon plus longtemps devant
l'insistance de mon vieil ami.
Aussi tout en pestant interieurement, je me hatai d'emballer mes
livres, je telegraphiai le soir meme, et la premiere chose que je
fis le lendemain matin, ce fut de partir pour le Yorkshire.
Je me rappelle fort bien que ce fut une journee assommante, et que
le voyage me parut interminable, recroqueville comme je l'etais
dans le coin d'un wagon a courants d'air, ou je m'occupais a
tourner et retourner mentalement maintes questions de chirurgie et
de medecine.
On m'avait prevenu que la petite gare d'Ingleton, a une quinzaine
de milles de Tarnforth, etait la plus rapprochee de ma
destination.
J'y debarquai a l'instant meme ou John Thurston arrivait au grand
trot d'un haut dog-cart par la route de la campagne.
Il agita triomphalement son fouet en m'apercevant, poussa
brusquement son cheval, sauta a bas de voiture, et de la sur le
quai.
-- Mon cher Hugh, s'ecria-t-il, je suis ravi de vous voir. Comme
vous avez ete bon de venir!
Et il me donna une poignee de main que je sentis jusqu'a l'epaule.
-- Je crains bien que vous ne me trouviez un compagnon desagreable
maintenant que me voila, repondis-je. Je suis plonge jusque par
dessus les yeux dans ma besogne.
-- C'est naturel, tout naturel, dit-il avec sa bonhomie ordinaire.
J'en ai tenu compte, mais nous aurons quand meme le temps de tirer
un ou deux lapins. Nous avons une assez longue trotte a faire, et
vous devez etre completement gele, aussi nous allons repartir tout
de suite pour la maison.
Et l'on se mit a rouler sur la route poussiereuse.
Je crois que votre chambre vous plaira, remarqua mon ami. Vous
vous trouverez bientot comme chez vous. Vous savez, il est fort
rare que je sejourne a Dunkelthwaite, et je commence a peine a
m'installer et a organiser mon laboratoire. Voici une quinzaine
que j'y suis. C'est un secret connu de tout le monde que je tiens
une place predominante dans le testament du vieil oncle Jeremie.
Aussi mon pere a-t-il cru que c'etait un devoir elementair
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