postai pas.
Le courrier du jour apporta une lettre de John ou il m'informait
qu'il etait descendu a l'hotel Langham.
Je savais qu'il etait desormais impossible de recourir a lui pour
partager avec lui la responsabilite de tout ce qui pourrait
arriver.
Cependant, je crus de mon devoir de lui envoyer une depeche pour
lui apprendre que sa presence serait desirable.
Cela necessitait une longue course pour aller jusqu'a la gare,
mais cette course aurait l'avantage de m'aider a tuer le temps, et
je me sentis soulage d'un poids en entendant le grincement des
aiguilles, qui m'apprenait que mon message volait a mon but.
A mon retour d'Ingleton, quand je fus arrive a l'entree de
l'avenue, je trouvai notre vieux domestique Elie debout en cet
endroit, et il avait l'air tres en colere.
-- On dit qu'un rat en amene d'autres, me dit-il en soulevant son
chapeau. Il parait qu'il en est de meme avec les noirauds.
Il avait toujours deteste la gouvernante a cause de ce qu'il
appelait ses grands airs.
-- Eh bien, qu'est-ce qu'il y a? demandai-je.
-- C'est un de ces etrangers qui reste toujours par la a se cacher
et a roder, repondit le bonhomme. Je l'ai vu ici parmi les
broussailles et je l'ai fait partir en lui disant ma facon de
penser. Est-ce qu'il regarde du cote des poules? Ca se peut. Ou
bien a-t-il envie de mettre le feu a la maison et de nous
assassiner tous dans nos lits? Je vais descendre au village,
M. Lawrence, et je m'informerai a son sujet.
Et il s'en alla en donnant libre cours a sa senile colere.
Le petit incident fit sur moi une vive impression, et j'y songeai
beaucoup en suivant la longue avenue.
Il etait clair que l'Hindou voyageur tournait toujours autour de
la maison.
C'etait un element que j'avais oublie de faire entrer en ligne de
compte.
Si sa compatriote l'enrolait comme complice dans ses plans
tenebreux, il pourrait bien arriver qu'a eux trois ils fussent
trop forts pour moi.
Toutefois, il me semblait improbable qu'elle agit ainsi,
puisqu'elle avait pris tant de peine pour que Copperthorne ne sut
rien de la presence de l'Hindou.
J'eus un instant l'idee de prendre Elie pour confident, mais en y
reflechissant j'arrivai a conclure qu'un homme de son age serait
plutot un embarras qu'un auxiliaire.
Vers sept heures, comme je montais dans ma chambre, je rencontrai
Copperthorne qui me demanda si je pouvais lui dire ou etait miss
Warrender.
Je repondis que je ne l'avais pas vue.
|