a d'un air ebahi.
-- Son pouvoir? dit-il.
-- Oui, l'influence qu'il possede sur elle.
-- Mon cher Hugh, me dit bravement mon ami, je n'ai point pour
habitude de citer ainsi l'Ecriture, mais il y a un texte qui me
revient imperieusement a l'esprit, et le voici: "Trop de science
les a rendus fous." Vous aurez fait des exces d'etudes.
-- Entendez-vous dire par la, m'ecriai-je, que vous n'avez jamais
remarque l'entente secrete qui parait exister entre la gouvernante
et le secretaire de votre oncle?
-- Essayez du bromure de potassium, dit John. C'est un calmant
tres efficace a la dose de vingt grains.
-- Essayez une paire de lunettes, repliquai-je. Il est certain que
vous en avez grand besoin.
Et apres avoir lance cette fleche de Parthe je pivotai sur mes
talons et m'eloignai de fort mechante humeur.
Je n'avais pas fait vingt pas sur le gravier du jardin, que je vis
le couple dont nous venions de parler.
Ils etaient a quelque distance, elle adossee au cadran solaire,
lui debout devant elle.
Il lui parlait vivement, et parfois avec des gestes brusques.
La dominant de sa taille haute et degingandee, avec les mouvements
qu'il imprimait a ses longs bras, il avait l'air d'une enorme
chauve-souris planant au-dessus de sa victime.
Je me rappelle que cette comparaison fut celle-la meme qui se
presenta a ma pensee et qu'elle prit une nettete d'autant plus
grande que je voyais dans les moindres details de la belle figure
se dessiner l'horreur et l'effroi.
Ce petit tableau servait si bien d'illustration au texte, sur
lequel je venais de precher, que je fus tente de retourner au
laboratoire et d'amener l'incredule John pour le lui faire
contempler.
Mais avant que j'eusse le temps de prendre mon parti, Copperthorne
m'avait entrevu.
Il fit demi-tour, et se dirigea d'un pas lent dans le sens oppose
qui menait vers les massifs, suivi de pres par sa compagne, qui
coupait les fleurs avec son ombrelle tout en marchant. Apres ce
petit episode, je rentrai dans ma chambre, bien decide a reprendre
mes etudes, mais, quoi que je fisse, mon esprit vagabondait bien
loin de mes livres, et se mettait a speculer sur ce mystere.
J'avais appris de John que les antecedents de Copperthorne
n'etaient pas des meilleurs, et pourtant il avait evidemment
conquis une influence enorme sur l'esprit affaibli de son maitre.
Je m'expliquais ce fait, en remarquant la peine infinie, qu'il
prenait pour se devouer au dada du vieilla
|