le feu a
causer des diverses aventures qui nous etaient arrivees depuis
notre derniere rencontre.
-- Eh bien, que pensez-vous de notre maisonnee? me demanda-t-il
enfin, en souriant.
Je repondis que j'etais fort interesse par ce que j'en avais vu.
-- Votre oncle est tout a fait un type. Il me plait beaucoup.
-- Oui, il a le coeur excellent avec toutes les originalites.
Votre arrivee l'a tout a fait ragaillardi, car il n'a jamais ete
completement lui-meme depuis la mort de la petite Ethel. C'etait
la plus jeune des enfants de l'oncle Sam. Elle vint ici avec les
autres, mais elle eut, il y a deux mois environ, une crise
nerveuse ou je ne sais quoi dans les massifs. Le soir, on l'y
trouva morte. Ce fut un coup des plus violents pour le vieillard.
-- Ce dut etre aussi fort penible pour miss Warrender, fis-je
remarquer.
-- Oui, elle fut tres affligee. A cette epoque, elle n'etait ici
que depuis une semaine. Ce jour-la elle etait allee en voiture a
Kirby-Lonsdale pour faire quelque emplette.
-- J'ai ete tres interesse, dis-je, par tout ce que vous m'avez
raconte a son sujet. Ainsi donc, vous ne plaisantiez pas, je
suppose.
-- Non, non, tout est vrai comme l'Evangile. Son pere se nommait
Achmet Genghis Khan. C'etait un chef a demi independant quelque
part dans les provinces centrales. C'etait a peu pres un paien
fanatique, bien qu'il eut epouse une Anglaise. Il devint camarade
avec le Nana, et eut quelque part dans l'affaire de Cawnpore, si
bien que le gouvernement le traita avec une extreme rigueur.
-- Elle devait etre tout a fait femme quand elle quitta sa tribu,
dis-je. Quelle est sa maniere de voir en affaire de religion?
Tient-elle du cote de son pere ou de celui du sa mere?
-- Nous ne soulevons jamais cette question, repondit mon ami.
Entre nous, je ne la crois pas tres orthodoxe. Sa mere etait sans
doute une femme de merite. Outre qu'elle lui a appris l'anglais,
elle se connait assez bien en litterature francaise et elle joue
d'une facon remarquable. Tenez, ecoutez-la.
Comme il parlait, le son d'un piano se fit entendre dans la piece
voisine, et nous nous tumes pour ecouter.
Tout d'abord la musicienne piqua quelques touches isolees, comme
si elle se demandait s'il fallait continuer.
Puis, ce furent des bruits sonores, discordants, et soudain de ce
chaos sortit enfin une harmonie puissante, etrange, barbare, avec
des sonorites de trompette, des eclats de cymbales. Et le jeu
devenant de plu
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