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volonte du vieillard, il avait resolu de le mettre hors d'etat d'y
ajouter un codicille.
Tout cela etait assez canaille, mais ce qui semblait y mettre le
comble, c'etait que trop lache pour executer son projet de sa
propre main, il avait a mis a profit les horribles idees
religieuses de cette malheureuse creature, pour faire disparaitre
l'oncle Jeremie d'une facon telle que nul soupcon ne put atteindre
le veritable auteur du crime.
Je decidai en moi-meme que, quoi qu'il dut arriver, le secretaire
n'echapperait point au chatiment qui lui etait du.
Mais que faire?
Si j'avais connu l'adresse de mon ami, je lui aurais envoye un
telegramme le lendemain matin, et il aurait pu etre de retour a
Dunkelthwaite avant la nuit.
Malheureusement, John etait le pire des correspondants, et bien
qu'il fut parti depuis quelques jours deja, nous n'avions point
recu de ses nouvelles.
Il y avait trois servantes dans la maison, mais pas un homme, a
l'exception du vieil Elie, et je ne connaissais dans le pays
personne sur qui je puisse compter.
Toutefois, cela importait peu, car je me savais de force a lutter
avec grand avantage contre le secretaire, et j'avais assez
confiance en moi-meme pour etre sur que ma seule resistance
suffirait pour empecher absolument l'execution du complot.
La question etait de savoir quelles etaient les meilleures mesures
que je devais prendre en de telles circonstances.
Ma premiere idee fut d'attendre tranquillement jusqu'au matin, et
alors d'envoyer sans esclandre au poste de police le plus proche
pour en ramener deux constables.
Alors je pourrais livrer Copperthorne et sa complice a la justice
et raconter l'entretien que j'avais entendu.
En y reflechissant davantage, je reconnus que ce plan etait tout a
fait impraticable.
Avais-je l'ombre d'une preuve contre eux en dehors de mon
histoire?
Et cette histoire ne paraitrait-elle pas d'une absurde
invraisemblance a des gens qui ne me connaissaient pas.
Et je m'imaginais bien aussi de quel ton rassurant, de quel air
impassible Copperthorne repousserait l'accusation, combien il
s'etendrait sur la malveillance que j'eprouvais contre lui et sa
complice a cause de leur affection reciproque; combien il lui
serait aise de faire croire a une tierce personne que je montais
de toutes pieces une histoire pour nuire a un rival; combien il me
serait difficile de persuader a qui que ce fut que ce personnage a
tournure d'ecclesiastique et cette
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