gure, venait
se placer dans le cercle de lumiere que projetait la lampe
suspendue en haut du porche.
John nous presenta, et je me souviens que le contact de sa main me
parut visqueux et desagreable.
Cette ceremonie accomplie, mon ami me conduisit a ma chambre, en
me faisant traverser bien des passages et des corridors relies
entre eux a la facon de l'ancien temps par des marches inegales.
Chemin faisant, je remarquai l'epaisseur des murs, l'etrangete et
la variete des pentes du toit, qui faisait supposer l'existence
d'espaces mysterieux dans les combles.
La chambre qui m'etait destinee etait, ainsi que me l'avait dit
John, un charmant petit sanctuaire, ou petillait un bon feu, et ou
se trouvait une etagere bien garnie de livres.
Et, en mettant mes pantoufles, je me dis que j'aurais eu tort sans
doute de refuser cette invitation a venir dans le Yorkshire.
Chapitre II
Lorsque nous descendimes a la salle a manger, le reste de la
maisonnee etait deja reuni pour le diner.
Le vieux Jeremie, toujours coiffe de sa singuliere facon, occupait
le haut bout de la table.
A cote de lui, et a droite, etait une jeune dame tres brune, a la
chevelure et aux yeux noirs, qui me fut presentee sous le nom de
miss Warrender.
A cote d'elle etaient assis deux jolis enfants, un garcon et une
fille, ses eleves, evidemment.
J'etais place vis-a-vis d'elle, ayant a ma gauche Copperthorne.
Quant a John, il faisait face a son oncle.
Je crois presque voir encore l'eclat jaune de la grande lampe a
huile qui projetait des lumieres et des ombres a la Rembrandt sur
ce cercle de figures, parmi lesquelles certaines etaient destinees
a prendre tant d'interet pour moi.
Ce fut un repas agreable, en dehors meme de l'excellence de la
cuisine et de l'appetit qu'avait aiguise mon long voyage.
Enchante d'avoir trouve un nouvel auditeur, l'oncle Jeremie
debordait d'anecdotes et de citations.
Quant a miss Warrender et a Copperthorne, ils ne causerent pas
beaucoup, mais tout ce que dit ce dernier revelait l'homme
reflechi et bien eleve.
Pour John, il avait tant de souvenirs de college et d'evenements
posterieurs a rappeler que je crains qu'il n'ait fait maigre
chair.
Lorsqu'on apporta le dessert, miss Warrender emmena les enfants.
L'oncle Jeremie se retira dans la bibliotheque, d'ou nous arrivait
le bruit assourdi de sa voix, pendant qu'il dictait a son
secretaire.
Mon vieil ami et moi, nous restames quelque temps devant
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